EMPORTE-MOI (1999)
Léa Pool
Par Frédéric Rochefort-Allie
Emporte-Moi, c'est le douzième film de la réalisatrice
d'origine suisse, Léa Pool. Certains la connaiteront mieux pour
avoir réalisé le contreversé Lost & Delirious,
mais il faut dire qu'Emporte-Moi est un film qui s'est lui
aussi très bien exporté. Il est quand même rare
qu'un film fait au Québec soit présenté au festival
de Berlin et qu'il y remporte un prix. Il constitue donc une fierté
pour notre cinéma et ce, peu importe notre opinion sur lui.
Léa Pool nous présente ici une jeune fille nommée
Hanna (Karine Vanasse). Hanna entreprend son passage vers l'âge
adulte et se cherche constamment. Cette jeune adolescente de 13 ans
est fille d'un poète juif raté (Miki Manojlovic) et d'une
mère couturière d'usine (Pascale Buissière). On
devine donc rapidement qu'elle ne vit pas dans le luxe. Comble de malheur,
son père lui fait couper les cheveux comme un garçon et
l'ambiance de la famille est on ne peut plus froide. La mère,
comme la fille, cherchent à s'échapper. Hanna trouve le
cinéma et s'y réfugie pour y trouver un peu d'espoir en
la vie et pour éclairer ses journées. Elle s'identifie
au personnage de Nana dans Vivre sa vie de Jean-Luc Godard.
Elle va jusqu'à adopter la philosophie du personnage et le mimer.
Les racines européennes de la réalisatrice sont bien claires
lorsqu'on regarde Emporte-Moi. Nous avons ici droit à
un portrait, ce qui est très typique des films français.
Le moule est donc déjà utilisé des centaines de
fois, impossible de parler sérieusement d'originalité.
Le film est bourré de petits moments mélodramatiques comme
un gros plan sur le visage d'Hanna pour y voir une larme couler lentement
sur sa joue. C'est donc un peu trop gros, même si le message réussit
tout de même à rejoindre le spectateur. On pourrait aussi
reprocher à Léa Pool d'avoir prit un peu trop d'échantillonnages
du film de Godard au lieu de se concentrer sur le drame de son personnage.
Mais la réalisatrice arrive aussi à créer de beaux
moments de cinéma comme un rêve qui m'a beaucoup rappelé
David Lynch par sa représentation plutôt directe. Les scènes
sont aussi souvent très intenses au niveau du jeu des comédiens.
Pascale Buissière, loin d'en être à son premier
film, interprète parfaitement une mère inaccessible et
distante et Karine Vanasse étonne vraiment pour un premier rôle
au grand écran par la pureté qu'elle réussit à
dégager et la maturité de son personnage qui se développe
peu à peu. Mais la musique, bien que d'époque (1963),
nous arrive beaucoup trop sèchement pour qu'on puisse y embarquer
et met un peu trop l'accent sur Emporte-moi, chanson présente
à chaque moment positif et marquant dans la vie de l'adolescente.
Emporte-Moi est donc un film pour ceux qui aiment le cinéma
européen des années 60. Autrement, le film n'apporte pas
autant qu'il vise, mais il reste beaucoup plus songé et artistique
que la majorité de ce qu'on peut voir dans le cinéma commercial.
Je vous conseille donc Les 400 coups ou Léolo,
si vous préférez le cinéma québécois.
Deux films avec une ambiance similaire à Emporte-Moi.
Version française : -
Scénario :
Léa Pool, Nancy Huston, Isabelle Raynault
Distribution :
Karine Vanasse, Pascale Bussières, Miki
Manojlovic
Durée :
95 minutes
Origine :
Québec
Publiée le :
6 Juillet 2003