ED WOOD (1994)
Tim Burton
Par Louis-Jérôme Cloutier
Edward D.Wood Jr est un réalisateur célèbre, mais
il est surtout reconnu comme étant le pire d’entre tous.
À travers sa «prolifique» carrière, cet homme
a accumulé les films de séries B de façon presque
honteuse de par son incroyable manque de talent de metteur en scène.
Quelques années après sa mort, il devint populaire et
un culte se constitua au tour de la médiocrité de son
œuvre. Tim Burton a décidé de rendre hommage à
Ed Wood en 1994 en créant un film qui se veut une sorte de comédie
biographique de sa carrière. On commence alors qu’Ed Wood
n’a que peu de succès, mais parvient tout de même
à se faire embaucher par un studio minable pour un film traitent
du changement de sexe, et c’est ainsi que débute sa carrière
à Hollywood avec ce qui allait être Glen or Glenda.
Le film débute d’une façon qui aurait sans aucun
doute plu à Ed Wood. Il s’agit en fait d’une excellente
réplique de la façon dont débutait Night of
the Ghouls, conjugué à certains effets à la
Wood comme ces éclairs qui tombent au rythme d’une musique
d’Halloween ayant volontairement des airs très cheap.
Par contre, les compositions du film, gracieuseté d’Howard
Shore dans son unique collaboration avec Burton, conviennent parfaitement
au ton semi-parodique du film. Du côté des interprétations,
Martin Landau est celui qui retient le plus l’attention dans sa
saisissante interprétation de Bela Lugosi, parvenant même
à éclipser Johnny Depp. Ce dernier, dans le rôle
principal, offre une prestation dont lui seul possède le secret,
savoureuse et sympathique à souhait comme toujours, il incarne
à la perfection Ed Wood. Le scénario permet d’une
façon plutôt exemplaire de découvrir ce personnage
sans nécessairement se transformer en comédie à
part entière, hors de question ici de rire d’Ed Wood, de
le dépeindre comme étant un minable. Plutôt, Burton
le présente comme un passionné du cinéma qui aspire
à être le prochain Orson Welles, sans jamais y parvenir
cela va de soi. Un homme rempli d’ambition et de bonnes intentions,
mais qui n’arrive qu’à réaliser des films
sans la moindre valeur artistique. Sa vision souvent étrange
de la façon de créer un film nous est toujours communiqué
avec un certain humour alors qu’il se lance à fond dans
des idées qui ne font ni queue ni tête. La qualité
des dialogues renforce considérablement l’étrangeté
du monde où gravite Wood, conjuguée au travail de Burton.
Car tout ce qui entoure Edward D.Wood Jr est relativement insolite,
on n’a qu’à penser au fait qu’il aimait bien
s’habiller en femme, allant même jusqu’à diriger
ses films dans cette tenue. Ce film qui est en quelque sorte un hommage
amusant parvient donc à offrir une exposition fort intéressante
de cet homme, notamment lorsqu’on le voit à l’œuvre,
tentant de réaliser un chef-d’œuvre ou encore de dénicher
du financement. À ce niveau, le scénario se permet d’écorcher
quelque peu le cinéma de l’époque ainsi que certaines
règles qui le gouverne, une exposition fort pertinente de cette
période d’Hollywood, le tout toujours accompagné
d’un brin d’humour, de clin d’œil et de référence.
Tim Burton, qui n’a rien d’un Ed Wood, offre une mise en
scène toujours aussi inventive et crée par le fait même
un film qui parvient parfaitement à remplir trois rôles,
soit d’offrir un hommage à Edward D.Wood Jr, dévoiler
une partie importante de sa vie dans une approche davantage bibliographique
et bien sûr se servir de l’humour comme fil conducteur.
Si un seul reproche pouvait être adressé envers ce film,
il consistait en un blâme face à un rythme de progression
quelques fois plus laborieux, de légères coupures auraient
été bénéfiques.
En somme, Ed Wood est un film fortement recommandé pour
découvrir le plus mauvais réalisateur de tous les temps.
Il s’agit d’un hommage bibliographique amusant et bénéficiant
d’excellentes interprétations, dont celles de Martin Landau
et Johnny Depp, deux acteurs qui s’imprègnent parfaitement
de la substance de leur personnage. Tim Burton, fidèle à
son talent et à sa réputation, transforme un scénario
déjà bien concocté en un film des plus divertissants.
Version française : Ed Wood
Scénario : Scott Alexander, Larry Karaszewski, Rudolph
Grey (livre)
Distribution : Johnny Depp, Martin Landau, Sarah Jessica Parker,
Bill Murray
Durée : 127 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 25 Novembre 2004
|