THE ECHO (2004)
Yam Laranas
Par Jean-François Vandeuren
Nous reprochons souvent aux films d’horreur d’exploiter
la peur chez le public en ne misant que sur de simples frayeurs passagères
perdues dans un scénario autrement peu enlevant. D’ailleurs,
les efforts du genre ayant obtenu le plus de succès au cours
des dernières années furent ceux qui tentèrent
d’aller à contre-courant pour se concentrer davantage sur
l’aspect psychologique de leur intrigue et le développement
d’atmosphères lugubres, voire légèrement
détraqués. Mais comme la majorité des œuvres
ayant découlé de la récente vague de films d’horreur
asiatiques tournaient à peu près tous autour des mêmes
thèmes, l’initiative perdit inévitablement quelques
plumes. Arrivant à la fin d’un cycle où pratiquement
tout a déjà été fait, le cinéaste
Yam Laranas s’est sûrement dit que le meilleur moyen de
faire plaisir à tout le monde était d’adopter les
deux tendances. Malheureusement pour lui (et surtout pour nous), le
cinéaste philippin échoua lamentablement d’un côté
comme de l’autre.
The Echo suit au départ le traintrain quotidien de Marvin,
un jeune homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire qui vient tout
juste d’emménager dans l’appartement sombre et miteux
d’un immense building projetant sensiblement la même image.
Cependant, Marvin sera rapidement confronté au cauchemar de tout
locataire lorsqu’il découvrira après sa première
nuit dans son nouveau chez soi que les murs l’entourant sont aussi
minces que du carton. Le jeune homme entend ainsi nuit après
nuit les cris d’une femme battue par son mari policier venir de
l’appartement du bout du couloir. Le tout prendra par contre une
tournure pour la moins inquiétante lorsque Marvin commencera
à avoir des hallucinations, apercevant dans les corridors de
l’immeuble et même dans son appartement (vous l’aurez
deviné) une étrange jeune fille aux longs cheveux noirs.
Le problème du film de Yam Laranas n’est pourtant pas son
manque total d’originalité. À la limite, cette prémisse
maintes fois répétée au cours des dernières
années aurait pu facilement donner lieu à une œuvre
aussi convaincante que le Shutter des thaïlandais Banjong
Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom, par exemple. Pour sa part, le cinéaste
philippin élabora un récit prenant beaucoup plus les traits
d’un drame surnaturel que d’un film d’horreur à
proprement parler. Pourtant, ce dernier tente continuellement d’injecter
à son effort divers effets de tension même lorsque la situation
ne s’y prête aucunement. Méfiez-vous car dans The
Echo, un geste aussi futile qu’ouvrir un rideau peut devenir
une grande source de tension.
Yam Laranas utilise toutefois beaucoup plus le son que l’image
pour entraîner son public dans les rouages d’un scénario
tout ce qu’il y a de plus superficiel. The Echo est ainsi
complètement écrasé sous le poids d’une trame
sonore abusive devenant rapidement agressante, tout comme son utilisation
abondante et souvent inappropriée de la basse fréquence.
Le film de Yam Laranas forme également un hommage grandiloquent
à un instrument auquel bien des films d’horreur, indépendamment
de l’époque ou de l’origine, doivent une fière
chandelle : la porte. Les amateurs de porte qui claque, qui grince,
qui s’ouvre sans raison apparente seront servis à souhait!
Parallèlement, le cinéaste s’en remet toujours aux
mêmes stratagèmes monotones pour nous effrayer. Cette histoire
de fantômes à rabais n’est alors alimentée
que de fausses peurs et d’apparitions bidons résultant
d’un montage déficient qui ne fait la plupart du temps
aucun sens en dehors d’un contexte cinématographique.
The Echo a tout du film d’horreur de débutant
dont l’instigateur tente désespérément de
signer l’effort le plus stressant qui soit, mais en ignorant complètement
la plupart des mécanismes régissant le genre. Le résultat
final se veut évidemment beaucoup plus ridicule qu’inquiétant.
Le plus insultant dans toute cette histoire est que Yam Laranas prend
visiblement son public pour de pauvres imbéciles et /ou croit
que son scénario est un des plus complexes jamais écrit.
Dans les deux cas, il a horriblement tort. Pourtant, le cinéaste
ne se gêne pas pour souligner plus qu’il ne le faut les
grandes lignes de son intrigue par le biais de dialogues explicatifs
particulièrement mal écrits. De leur côté,
les spectateurs s’étant fait berner par la promesse d’un
film aux ambiances enivrantes ne pourront que soupirer d’ennui
devant un effort aussi inefficace. Si un tel gâchis pouvait maintenant
encourager le reste de l’Asie à mettre de côté
ce genre de récit et enfin passer à autre chose…
Version française : -
Version originale : Sigaw
Scénario : Roy C. Iglesias, Gin de Mesa, Yam Laranas
Distribution : Jomari Yllana, Richard Gutierrez, Angel Locsin,
Iza Calzado
Durée : 102 minutes
Origine : Philippines
Publiée le : 31 Août 2006
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