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DRACULA (1931)
Tod Browning

Par Frédéric Rochefort-Allie

Peu importe la langue ou la culture, on dit que pratiquement personne sur cette planète n’ignore l'existence de son nom. C'est qu'à l'époque de la sortie du film en 1931, personne à Hollywood n'avait véritablement osé aborder le cinéma d'horreur, laissant le champ tout à fait libre aux Allemands, qui dominèrent le genre en rois et maîtres pendant près d'une décennie. Le parlant ayant maintenant fait son entrée en matière (toujours dans les années 30), Universal mis de l'avant ce projet qu'il avait toujours secrètement désiré mettre sur pellicule, Dracula.

Vous connaissez certainement déjà l'histoire, le vampire n'est plus à présenter. Malgré les excellents Max Schreck, Christopher Lee, Gary Oldman et Klaus Kinski, Dracula n'aura trouvé qu'un visage, celui de Bela Lugosi. Indéniablement l'un des quatre les plus marquants de son époque durant la grande période des Lon Chaney, Boris Karloff et Vincent Price, Lugosi dégageait dans ses meilleurs jours de la classe, mais surtout, énormément de charisme. Son regard froid et perçant a fait sa réputation et Dracula aura été le sommet de sa carrière. L'étrange période de transition entre muet et parlant, durant laquelle le film vit le jour laisse chez les acteurs un jeu plutôt caricatural. Mais Bela Lugosi a su avoir suffisamment de retenue pour ne pas sombrer dans le burlesque. Même après tant d'années, Bela Lugosi demeure un monument de l'horreur et sa performance dans ce film culte, et ce morceau d'anthologie du cinéma Hollywoodien, justifie à lui seul un visionnement.

Il est important de spécifier que, depuis quelques années, Universal a décidé d'offrir aux cinéphiles une toute nouvelle version de ce grand classique. Philip Glass est donc venu remplir les interminables silences du film original pour offrir une trame sonore hypnotisante et terrifiante qui améliore grandement la qualité de plusieurs scènes en leur ajoutant une tension dramatique un peu plus soutenue. Car malheureusement, même malgré l'aspect légendaire qui entoure l'oeuvre, Tod Browning était un réalisateur plutôt banal. La version espagnole de Dracula, tournée simultanément sur le même plateau par George Melford, prouve en elle-même que la version anglaise était plutôt faible et beaucoup trop théâtrale (une première expérience au parlant peut excuser Browning). Le seul regret pourrait être le remplacement de la magnifique pièce du Lac des Cygnes de Tchaïkovski, qui s'était établie comme le thème du vampire depuis pas moins de 70 ans et qu'on a tout simplement balayée pour la remplacer par une nouvelle pièce.

Bref, Dracula est toujours resté une icône du cinéma d'horreur, mais déjà à sa sortie, il avait un retard de plus d'une décennie sur les Allemands. Ce noble vampire logeant dans une demeure vétuste à la recherche de chair fraîche est à l'image du film que des générations de cinéphiles ne regardent plus que pour le charisme légendaire de Bela Lugosi, prisonnier d'un film plutôt ennuyeux... mais classique!




Version française : Dracula
Scénario : Hamilton Deane, John L. Balderston, Bram Stoker (roman)
Distribution : Bela Lugosi, Helen Chandler, David Manners, Dwight Frye
Durée : 75 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 7 Janvier 2006