DOWN BY LAW (1986)
Jim Jarmusch
Par Chamsi Dib
C’est en 1984 que Jim Jarmusch fut découvert par le public
avec Stranger Than Paradise. Depuis, il réalisa plusieurs
films, dont Ghost Dog, The Way of the Samurai et Down By
Law. Ce dernier raconte d’abord l’histoire individuelle
du quotidien de deux personnages: Jack, un proxénète (John
Lurie) et de Zack, un ancien disc jockey (Tom Waits), présentés
en montage alterné qui finiront par se rencontrer dans une prison
de la Nouvelle-Orléans, réputée pour emprisonner
les gens pour un rien. Un troisième personnage s’ajoute
au milieu du récit pour laisser place à une tournure catégorique
du scénario. Le rôle de Roberto, un touriste italien et
loufoque, est joué de manière renversante par Roberto
Benigni. Tous finiront par se rencontrer dans la même cellule
de prison tentant de vivre ensemble. Ils sont révoltés
de leur sort, car ils sont tous innocents. Roberto avec son caractère
joyeux vient dérider l’atmosphère noire de la cellule.
L’histoire devient ici un huis clos entre les trois personnages,
rire et rage sont au rendez-vous!
Éventuellement, les trois voyous tenteront de s’enfuir,
proposition faite par Roberto, qui a vu un plan d’évasion
dans un film américain. Jarmusch fait ici une allusion à
l’histoire du cinéma américain, ceci traduisant
une des nombreuses particularités qu’est le style du réalisateur.
Ceci s’exprime aussi par une mise en scène dépouillée
de tout artifice ainsi que des longs plans-séquences permettant
au spectateur de bien saisir les émotions, les personnages et
leurs actions.
Le film à une durée d’environ deux heures et le
début semble un peu plus lent dans sa narrativité. Parfois,
on a l’impression de ne pas savoir vers quoi se dirige l’histoire,
car on change souvent de personnages sans voir les liens entre eux.
Cependant, dès que Jack, Zack et Roberto sont en prison, le scénario
prend une autre direction, surtout soutenue par le personnage de Roberto.
Il détonne sur les autres et on a l’impression qu’il
constitue le film à lui seul, après ce colossal pivot.
Comme si Jarmusch a trop voulu bien camper les personnages psychologiquement
au début du film et qu’ensuite il met l’accent sur
Roberto. On se questionne sur ce fait, mais cela relève une autre
astuce du film. Il s’offre de manière lente et coulante
qui prend le temps de montrer la vie de ces personnages marqués
par la musique et la prostitution.
Une autre majeure partie du film se déroule durant leur évasion
dans les marécages de la Nouvelle-Orléans et de la Louisiane.
Ils sortent de la nature sauvage pour rencontrer une autre Italienne,
interprétée par Nicoletta Braschi. Le huis clos se poursuit,
même si à la base on pourrait croire que la nature ne peut
le permettre. C’est parce que Jarmusch utilise des plans plus
rapprochés avec une ambiance d’incertitude. Et l’important
de l’action se base avec les personnages, plus qu’avec les
lieux. Donc, les dialogues sont la force du film. Ils sont hyper travaillés,
rythmés, logiques, amusants et ils servent vraiment à
l’histoire. Ce n’est pas du bla-bla inutile comme nous sert
le cinéma classique d’Hollywood. Jarmusch se distingue
par son écriture recherchée qui a permis à Down
By Law de devenir un film culte pour plusieurs cinéphiles,
au même titre que les Tarantino!
Version française : -
Scénario :
Jim Jarmusch
Distribution :
Tom Waits, John Lurie, Roberto Benigni
Durée :
107 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
16 Novembre 2003