DESPERADO (1995)
Robert Rodriguez
Par Martin Coulombe
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Robert Rodriguez a vécu
un vrai conte de fée à son entrée dans le monde
du cinéma avec son mystérieux personnage du Mariachi.
Son film de 7 000 $, El Mariachi, fait de lui une vedette en
demande que les studios s'arrachent, et le jeune réalisateur
est propulsé immédiatement dans le monde d'Hollywood.
Maintenant muni d'une équipe technique et d'un budget de 7 millions
de dollars, Rodriguez réussit-il à offrir un film d'action
qui se tient?
Desperado reprend les aventures du Mariachi sans nom alors
que ce dernier commence sa quête de vengeance contre un seigneur
de la drogue nommé Bucho, responsable de la mort de sa petite
amie ainsi que de la blessure par balle dans sa main qui a gâché
sa carrière paisible de guitariste. C'est équipé
d'un étui à guitare bourré d'armes que le Mariachi
se lancera aux trousses de Bucho qui enverra ses hommes à la
poursuite du mythique assassin à la guitare. Inutile de vous
dire que le scénario n'est pas ce qu'il y a de plus génial,
mais ne recherchez pas une histoire philosophique derrière Desperado,
il n'y en a pas. Vous trouverez plutôt derrière tout cela
un film d'action fort divertissant.
Rodriguez livre ici un film qui a ses bons et ses (très) mauvais
moments. D'un côté, le film se déchaine lors des
scènes d'actions, et celles-ci consistituent les meilleurs moments
du film. D'autre part, on a un scénario qui tente de raconter
une histoire dramatique en arrière-plan qui ne fonctionne qu'à
moitié, et qui vient littéralement briser le rythme du
film. Entre deux fusillades, le tout est long et monotone. Le point
fort du film est donc sans contredit ces bains de sang que Rodriguez
a le don de filmer et de rendre fort intéressants. Les plans
sont efficaces, le rythme aussi, et le tout est soutenu par une trame
sonore fort agréable composée par Los Lobos. On ne peut
donc s'empêcher d'être heureux à chaque fois que
Rodrgiuez permet à son Mariachi d'ouvrir son étui à
guitare. Ces scènes sont aussi dotées d'un brin d'humour
léger, comme la Bar Fight où le personnage principal
massacre littéralement les occupants d'une taverne qui se termine
en une confrontation entre les deux derniers hommes debout qui se lancent
dans la recherche désespérée d'une arme encore
chargée parmi les dizaines et les dizaines d'autres qui trainent
sur le plancher.
Mais là où le tout devient pénible est lorsque
que l'action prend fin. Rodriguez semble avoir de la difficulté
à raconter et à structurer son histoire. Malgré
quelques scènes intéressantes, dont une introduction plus
qu'intéressante du mythe du Mariachi par Steve Buscemi et une
scène impliquant Quentin Tarantino (qui a droit à une
entrée triomphale), le scénario tombe souvent à
plat. On peut facilement observer ces moments faibles lorsqu'on entre
dans la relation amoureuse qui implique les personnages d'Antonio Banderas
et Salma Hayek, ou encore lorsqu'on suit la montée de la crise
paranoïaque de Bucho. De plus, le film se termine sur une confrontation
entre le Mariachi et Bucho qui est plus que douteuse, et on ne peut
s'empêcher de se demander ce qui se passe à ce moment-là.
Les personnages manquent de profondeur, ce qui amène donc des
scènes dramatiques qui manquent de souffle.
Desperado ne passera pas à l'histoire, mais reste que
ce deuxième opus de la saga du Mariachi est ce qu'il est: un
film d'action divertissant qui doit être vue en ayant l'esprit
léger. On ne peut s'empêcher de sourire et même de
rire devant les situations impossibles dans lesquelles Robert Rodriguez
s'amuse à mettre en scène ses personnages. Il ne manquerait
qu'un scénario mieux structuré et plus développé
pour que Desperado soit encore plus intéressant, et
Rodriguez a encore besoin de se pratiquer en terme d'écriture.
Néanmoins, un bon divertissement.
Version française :
Desperado
Scénario :
Robert Rodriguez
Distribution :
Antonio Banderas, Salma Hayek, Joaquim de Almeida
Durée :
106 minutes
Origine :
Mexique, États-Unis
Publiée le :
28 Février 2004