THE DESCENT (2005)
Neil Marshall
Par Alexandre Fontaine Rousseau
"The best horror-thriller since Alien."
Quand les critiques hyperboliques comprendront-ils enfin que cette affirmation
est aujourd'hui dépourvue de tout sens? Que sa valeur marchande
est écoulée? Que tous savent bien qu'un film auquel on
colle l'étiquette de « meilleur thriller d'horreur depuis
''Alien'' » ne sera jamais digne de la comparaison, aussi solide
soit-il? Nonobstant le lourd spectre que laisse planer sur The Descent
cette déclaration frauduleuse, force est d'admettre que le long-métrage
de Neil Marshall démontre l'intensité nécessaire
pour satisfaire son public tout en lui administrant au passage quelques
solides chocs nerveux. Ainsi, à défaut d'être particulièrement
original, ce petit film d'horreur britannique affiche une mécanique
bien huilée de même qu'une recherche technique intéressante.
Deux caractéristiques qui en font un choix gagnant dans un genre
ou, généralement, le lamentable est la moyenne.
Six britanniques éprises de sensations fortes se rendent en Amérique
pour une expédition souterraine en groupe. Mais le périple
tourne vite au cauchemar lorsque, par goût de l'aventure, l'une
d'entre elles décide de trimballer ses amies inconscientes dans
une grotte encore inexplorée d'une région isolée.
Suite à un éboulement, la troupe est faites prisonnière,
de ce labyrinthe obscur et doit se lancer à la recherche d'une
seconde issue par laquelle s'échapper. Cependant, il rôde
dans les profondeurs d'étranges prédateurs vaguement humanoïdes
qui s'avèrent les pires des menaces pour ces six jeunes femmes.
Si The Descent débute dans la plus pure tradition des
thrillers centrés sur le conflit mettant aux prises l'homme retourné
à l'état sauvage et la nature cruelle - l'élément
viril de Deliverance ou de The Edge en moins - le
virage surnaturel, ou du moins anormal, qu'il embrasse à mi-chemin
dans sa progression le pousse vers le domaine du cinéma fantastique.
Le film de Marshall, réalisateur entre autres du Dog Soldiers
de 2002, s'amuse à exploiter une foule de craintes viscérales
pour en arriver à ses fins : la claustrophobie, le vertige, la
peur du noir et de l'inconnu sont ainsi les moteurs de la tension que
crée son film.
À cet effet, sa réalisation très habile et techniquement
ingénieuse s'appuie longuement sur ces plans étouffants,
gavés de noirs mais percés de lumières solitaires,
où ses héroïnes naviguent de peine et de misère
les tunnels étroits de la caverne. Le sentiment d'asphyxie qu'évoque
la première moitié de The Descent n'a d'égal
que la violence sauvage de la seconde partie. Ce segment s'avère
à la fois d'une grande brutalité physique et d'une dure
cruauté psychologique, les créatures habitant la grotte
déclenchant les hostilités entre ces six femmes qui ont
quelques comptes à régler entre elles. La distribution
s'avère tout à fait apte à transmettre au spectateur
ces tensions et livre au bout du compte une solide performance de groupe.
Néanmoins, c'est la violence du montage qui confère au
film son efficacité diabolique. The Descent nous prend
au piège en quelques minutes et refuse par la suite de nous relâcher.
Bien qu'il ne s'agisse pas du plus profond des films d'horreur des dernières
années - les craintes qu'il évoque demeurent après
tout fermement ancrées dans l'enfance et l'instinct - The
Descent vient nous chercher par les tripes et s'amuse à
provoquer notre réflexe de survie pour nous faire réagir.
Bonifié par de copieuses portions d'effets spéciaux gluants
et sanglants, le film de Neil Marshall s'avère un parfait petit
divertissement de minuit doublé d'un étouffant thriller.
Et ce, même si Alien peut dormir tranquille...
Version française : -
Scénario :
Neil Marshall
Distribution :
Shauna Macdonald, Natalie Jackson Mendoza, Alex
Reid, Saskia Mulder
Durée :
99 minutes
Origine :
Royaume-Uni
Publiée le :
13 Juillet 2006