DEATH BED : THE BED THAT EATS (1977)
George Barry
Par Jean-François Vandeuren
Ne vous attendez pas à aller à votre club vidéo
et de retrouver ce film sur les tablettes, car il s’agit d’un
film extrêmement rare, voir pratiquement mythique. J’ai
eu l’occasion de le voir lors d’une projection spéciale
en salle par le biais de ce qui est, nous dit-on, la seule et unique
copie 16mm existante. Pour revenir au film, et bien c’est tout
ce que le série b implique : des dialogues mémorablement
douteux, des acteurs sans talents, une réalisation nulle à
souhait. Mais, c’est un film qui va très bien avec un certain
dicton qui aborde dans ce sens : tellement mauvais que s’en est
bon.
Tout d’abord, je voudrais mettre une chose au clair : ce n’est
pas moi qui aie pris de la drogue ou autres substances illicites en
écrivant le synopsis qui suit. Ceci étant dit, ce que
raconte Death Bed en fait, c’est la fabuleuse histoire
d’un démon qui, voulant séduire une jeune femme
mortelle, construisit un lit, mais pendant leurs débats amoureux,
la pauvre mortelle mourra et le lit devint alors hanté par le
triste démon. Dès lors, tout ce qui se retrouve sur son
matelas se fait aussitôt dévorer et digérer. Le
personnage tenant office de narrateur pour cette incroyable aventure
est une des victime de ce lit affamé, prisonnier d’un tableau
qu’il a peint peu de temps avant sa mort et qui se trouve face
à la réincarnation du démon.
Je pense que vous comprenez maintenant ce que je voulais dire en parlant
de série b. Ce genre de productions vient nous rappeler à
quelle point n’importe quelle idée, peu importe le support
mental où la bizarrerie de cette dernière, peut trouver
sa pellicule. C’est un film qui n’est absolument pas supporté
d’aucune façon par ses acteurs. L’interprétation
est extrêmement rudimentaire. Les personnes se prenant pour des
comédiens ici n’ont aucune intonation, aucune émotion
et ne manifestent aucune réaction par rapport à ce qui
est en train de se passer. Il faut aussi noter qu’on voit que
très rarement les lèvres des protagonistes bouger lorsqu’ils
parlent, ceci étant dû au fait que les dialogues ont été
enregistrés en studio et ça paraît, ce qui n’était
visiblement pas intentionnel. Les effets spéciaux aussi sont
mémorables. La représentation de la digestion du lit tel
un baril d’acide est tout à fait hilarante. Mais le plus
étrange, c'est que le film tente d’allier un style vraisemblablement
qui ne se prend aucunement au sérieux, dès la minute où
l’on voit une bouteille de peptobismol se dandiner dans l’acidité
dévorante du lit, il est désormais impossible de considérer
le tout comme étant d’un quelconque niveau de sérieux,
tout en développant, à l’aide de la narration, un
côté plus étranges et surnaturel, mal supporté
par les images, mais tout de même, l’intention y est.
Pour ce qui est de la caméra, et bien elle n’a vraisemblablement
pas eu son mot à dire pendant la production. Une réalisation
tout ce qu’il y a de plus bâclée. Si vous voulez
vous bidonner, il y a beaucoup à se mettre sous la dent, que
ce soit le long plan séquence de près de cinq minutes
d’une femme s’étant sauver du lit et qui n’a
plus l’usage de ses jambes qui essai de sortir de la chambre,
ou des erreurs de montage absolument incroyables. C’est d’un
ridicule mémorable, propre au genre finalement. Quelques petits
exemples pour vous donner une idée de ce qu’est le niveau
de professionnalisme du montage dans Death Bed : dans un plan,
une fille annonce qu’elle va aller chercher une de ses comparses
sans qu’elle n’aille aucune idée de où elle
peut être et le plan suivant, on la voit qui ramène son
amie à bon port; un feu visiblement en train de s’éteindre
qui devient enflammé comme par magie grâce, encore, à
un miraculeux changement de plan. Des exemples du genre sont présents
en quantité industrielle, impossible de ne pas être diverti.
Cette production fut laissée totalement anonyme. Tout ce que
le film nous donne comme générique est un © George
Barry 1977 avec le titre de l’œuvre au début,
mais c’est tout. Un film d’autant plus rare, qu’il
ne se retrouve même pas sur le site référence en
matière de cinéma, soit IMDB. Un film qui réussit
tout de même à atteindre les buts que le genre auquel il
appartient vise normalement. De quoi à nous rappeler les films
étudiants du temps du secondaire avec quelques moyens en plus.
Évite la médiocrité par la médiocrité.
Étrange.
Version française : -
Scénario :
George Barry
Distribution :
Demene Hall, William Russ, Julie Ritter, Linda
Bond
Durée :
77 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
3 Novembre 2003