DAWN OF THE DEAD (1978)
George A. Romero
Par Louis-Jérôme Cloutier
Quand un remake voit le jour, il convient de revenir sur le film originel.
Dawn of the Dead est reconnu par plusieurs comme un classique
du cinéma d’horreur. Qu’en est-il vraiment? Chose
certaine, s’il ne fait pas l’unanimité, il a été
suffisamment reconnu et populaire pour que l’on en fasse une nouvelle
version. Bien qu’il ne peut être apprécié
par tous, notamment de par sa violence souvent excessive et choquante,
il s’agit effectivement d’un très bon film d’horreur.
Plusieurs raisons l’expliquent, mais on peut rapidement noté
la qualité des trucages, l’histoire en général,
mais aussi la critique de la société de consommation que
Romero transmet à travers son film.
Dawn of the Dead se déroule après Night of
the Living Dead. Les zombies ne sont plus que dans une petite municipalité,
ils se répandent comme une traînée poudre à
travers le pays. Un groupe s’enfuit devant cette menace et se
réfugie dans un centre commercial. Cependant, ce dernier est
également envahi par les morts-vivant. De plus, des cambrioleurs
menacent de venir les déloger de leur cachette. Drôle d’idée
de faire un film d’horreur devant se dérouler presque entièrement
dans un centre commercial. La raison est que Romero a décidé
de transmettre un message à travers son film. Dawn of the
Dead se moque de la société nord-américaine
et par le fait même de la société de consommation.
D’ailleurs, la présence des morts-vivants dans ce lieu
trouve son explication dans leur instinct. « This was an important
place in their lives » affirme d’ailleurs l’un des
personnages. Il n’y a pas vraiment de façon plus directe
d’annoncer ses couleurs, notre société est uniquement
basée sur la consommation. Avec un peu plus de subtilité,
Romero démontre que les héros se retrouvent heureux à
cet endroit puisqu’ils peuvent consommer à nouveau. En
plus, Dawn of the Dead tente de parler sérieusement
de la problématique que vit le monde. Il n’y a pas de supervirus
s’étant échappé, personne ne connaît
l’origine du mal et tous tentent d’amener leurs idées
sur l’origine de ce phénomène et la façon
de le contrer. Et si ce n’était pas déjà
assez, Romero se moque littéralement de l’Américain
sudiste. Une des scènes, que plusieurs trouveront fort amusante,
nous présente une bande d’hommes, barbus et habillés
de jeans avec une chemise carottée en train de boire copieusement
de la bière sur fond de musique country et armés de leurs
fidèles armes. «Those rednecks are probably enjoying this
whole thing.», avance un autre personnage. Bien entendu, on pourrait
découvrir que Romero ne donne pas davantage de respect à
l’homme qu’aux morts-vivants. Ces derniers n’attaquent
que les autres races alors que les humains, malgré le danger,
se battent entre eux. Ce thème est davantage abordé dans
Day of the Dead.
Bien entendu, Dawn of the Dead est avant tout un film d’horreur,
et il réussit très bien cette matière. Romero,
malgré un budget très limité d’environ 1,5
million, filme comme s’il possédait un budget imposant.
Son travail derrière la caméra est certainement parmi
les meilleurs puisqu’il nous fait complètement oublier
le manque de moyens. Si Dawn of the Dead a des airs de série
B, la réalisation est très professionnelle. Le scénario
l’est également tout comme les dialogues qui réservent
de très bonnes répliques dont la très classique:
«When there's no more room in hell, the dead will walk the earth.»
Les trucages, réalisés par le maître du cinéma
d’horreur Tom Savini, sont fort réussis. Surtout lorsque
l’on prend le budget en perspective. Le sang n’est peut-être
pas toujours des plus réalistes et les maquillages laissent quelques
fois voir les moyens limités. Mais quand vient le temps de donner
dans le très gore, Savini possède plusieurs tours
dans son chapeau. Ceux qui ont déjà vu, ou qui écouteront
le film se remémoreront certainement la musique. Il n’y
a pas plus électronique dans les années 80, mais elle
marque tout de même. Elle sert bien à appuyer les effets
recherchés par Romero. Notamment, vers la fin du film, une musique
pompeuse et exagérément héroïque se met à
jouer, transformant l’entièreté de la scène
en une parodie hilarante du héros américain typique. Même
les acteurs contribuent efficacement à la qualité de ce
film. Même s’ils sont de parfaits inconnus, ils jouent avec
conviction leur rôle et pourraient même rivaliser avec des
noms de notoriété plus élevée.
Bref, Dawn of the Dead est un classique de l’horreur
qui mérite son statut. Bien qu’il puisse en apparence sembler
être un mauvais série B, il s’agit du contraire.
Malgré le budget limité. Romero possède une réalisation
maitrisée qui contribue à la qualité de l’œuvre.
Les dialogues sont très bien écrits et l’histoire
en général réserve de très bonnes scènes
d’horreur et de comédie. Ajoutez une critique de la société
de consommation ne peut qu’aider le tout. Souvent copié,
jamais égalé.
Version française : Zombie
Scénario : George A. Romero, Dario Argento
Distribution : David Emge, Ken Foree, Scott Reiniger, Gaylen Ross
Durée : 126 minutes
Origine : États-Unis, Italie
Publiée le : 21 Mars 2004 |