A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

THE DA VINCI CODE (2006)
Ron Howard

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Avez-vous vu Les Rivières Pourpres 2? En gros, ce savoureux détritus mettant en vedette Jean Reno nous faisait part d'un grandiose complot houspillé par des moines experts en arts martiaux afin de protéger le secret d'un trésor nazi caché quelque part dans les voûtes de la ligne Maginot! Tiré par les cheveux, dites-vous? Le statut de best-seller du roman duquel il est tiré demeure la seule et unique raison pour laquelle on a parlé avec une telle insistance du médiocre Da Vinci Code de Ron Howard. Oubliez la prétendue controverse entourant le film, car il s'agit du sous-produit anachronique d'une mentalité dépassée ou, si vous préférez, d'une énième preuve que l'institution catholique n'a pas encore entamé le virage post-moderne qui a façonné les mutations de notre société durant les soixante dernières années. Acceptons The Da Vinci Code pour ce qu'il est, c'est-à-dire l'adaptation cinématographique boursouflée d'un trash novel glorifié que l'on a hissé au rang de gigantesque succès international par intérêt pour le sensationnalisme de série B de son synopsis.

Le film de Ron Howard est un pétard mouillé, et ce pour plusieurs raisons. Bien entendu, l'intrigue s'avère aussi tirée par les cheveux que celle de bien des films d'horreur à saveur religieuse, mais elle n'est pas totalement dépourvue de charme. Inspiré par quelques extrapolations intrigantes dont l'étalement se fait plus aisément à l'écrit qu'au grand écran, The Da Vinci Code tente de tisser la toile complexe d'une tentaculaire conspiration ourdie afin de défendre la consécration par l'Église catholique de la nature divine de Jésus Christ. Des Templiers à l'Opus Dei en passant par la vraie nature de Marie-Madeleine, tous les mythes et mystères de la chrétienté sont empilés les uns sur les autres afin de monter les bases de cette gigantesque enquête historique mal fichue.

Sans l'ombre d'un doute, la première erreur des producteurs fût de confier à l'incompétent Ron Howard et à son misérable sous-fifre le scénariste Akiva Goldsman la tâche de condenser une intrigue d'une telle densité en un film digeste. Responsable de l'exécrable Batman & Robin, Goldsman est un véritable tâcheron comme le prouve à maintes reprises la narration minable qu'il a montée à partir du roman de Dan Brown. Son Da Vinci Code est une enfilade maladroite de devinettes mal reliées entre elles qu'Howard enchaîne sans aucun sens du rythme. La forme épisodique qu'arbore le film est exemplaire de la façon dont on ne doit pas écrire un scénario. Qui plus est, les théories qui demeurent la clé du succès du roman sont présentées au cours de longues séquences d'expositions mal fichues desservies par des dialogues sans verve frôlant souvent le ridicule.

Malheureusement, la réalisation pédestre d'Howard s'affaire elle aussi à étouffer toute forme de tension. Comme il le fait dans A Beautiful Mind, le plus surestimé des cinéastes hollywoodiens tente de matérialiser visuellement l'intelligence humaine et de mettre en image la logique en action sans aucune ingéniosité. Sa vision du cinéma est dépourvue d'inventivité, mais surtout de toute forme de plaisir tangible. Balourd à l'extrême, son Da Vinci Code est non seulement trop long, mais surtout ennuyeux au possible. Les intrigues secondaires s'étirent de manière déraisonnable pour être par la suite abandonnées au cours d'une finale à l'instar du film dont l'ensemble est particulièrement bâclé.

Au fond, c'est parce qu'il se prend trop au sérieux que The Da Vinci Code échoue lamentablement. Les moines albinos se flageolent sans passion, pour l'intensité du geste, tandis que chaque détail d'une évidence aberrante est martelé à maintes reprises dans le crâne du pauvre spectateur qui n'en demandait pas tant. La faute de Ron Howard est de surestimer la richesse de son intrigue tout en sous-estimant l'intelligence du spectateur. La mécanique de son film est défaillante et l'intrigue déraille, mais le bon vieux Ron est encore trop occupé à s'assurer que nous avons compris la dernière pièce de son casse-tête pour s'en rendre compte.

Involontairement, The Da Vinci Code provoque l'hilarité à maintes reprises. Dans ce déluge de flashbacks mal insérés et de dialogues sots, les acteurs deviennent les pathétiques pantins d'une supercherie millénaire qui de toute évidence les dépasse. Jean Reno, depuis trop longtemps le policier français louche de service favori des Américains, attend son chèque de paye patiemment tandis que la belle Audrey Tautou est prisonnière d'un personnage horriblement unidimensionnel. Pour leur part, les propriétés somnifères de Tom Hanks ont rarement été exploitées avec une telle efficacité. Question de couronner le tout, la direction photo fait preuve d'une médiocrité remarquable compte tenu du budget de l'entreprise. Où on bien pu s'envoler les 125 millions de dollars qu'a coûté cet échec?

En fait, ce pitoyable spectacle est tristement dépourvu de toute étincelle créative. À force de courir d'un bout à l'autre du monde sur la piste de ses indices, The Da Vinci Code s'essouffle pour finalement s'effondrer en fin de parcours sans qu'il n'y ait de possibilité de réanimation envisageable. Si vous cherchiez un Indiana Jones dépourvu de séquences d'action ou un thriller policier décousu sur l'étendue de plusieurs siècles, votre quête s'arrête ici. Il n'y a rien de mal à vouloir discréditer l'Église catholique. Encore faut-il s'y prendre de manière crédible... ou à tout le moins amusante. The Da Vinci Code n'est ni l'un ni l'autre.




Version française : Da Vinci Code
Scénario : Akiva Goldsman, Dan Brown (roman)
Distribution : Tom Hanks, Audrey Tautou, Ian McKellen, Jean Reno
Durée : 149 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 26 Mai 2006