LES DANGEREUX (2002)
Louis Saïa
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Si l'on s'entend sur le fait que l'objectif premier d'une comédie
est d'être drôle, une comédie que l'on regarde sans
pousser le moindre rire ne peut être qualifiée que d'échec.
Peu importe ce qu'en disent la majorité des critiques, la trilogie
des Boys, malgré son manque flagrant de subtilité,
avait le mérite d'amuser, d'offrir quelques moments de franche
rigolade et d'explorer un univers typiquement québécois
avec une certaine justesse. Le public, du moins, s'y est reconnu et
a su apprécier la farce, ce qui prouve que Louis Saïa avait
visé juste. Si Les Dangereux est représentatif
de quoi que ce soit, c'est du manque cruel d'inspiration et d'intelligence
dont peut faire preuve une équipe de production qui s'assoit
sur ses lauriers et prend le public pour une bande d'imbéciles
prêts à avaler n'importe quel rebut sans rechigner.
Toutefois, il semble que l'attrape-nigaud n'ait pas fonctionné
dans le cas présent, et ce même si tous les ingrédients
habituels avaient été réunis pour obtenir un autre
gros succès au box-office québécois. Il faut dire
que Les Dangereux est bien plus qu'un simple mauvais film:
c'est une véritable nullité dont l'imbécillité
crasse n'a d'égal que son inhabilité des plus totales
à divertir. Histoire de kidnapping vraiment mal ficelée
aux revirements tous plus insignifiants les uns que les autres, le film
souffre d'une distribution peu éclairée qui met beaucoup
trop de poids sur les frêles épaules de l'insupportable
Véronique Cloutier, qui ne semble pas comprendre qu'elle n'est
pas sur le plateau de La Fureur, et sur celles d'un Stéphane
Rousseau qui ne change jamais d'expression, se contentant de trainer
la même mimique énervante d'une scène à l'autre.
Difficile d'en vouloir au reste de la distribution d'être aussi
peu convaincante. Même le narrateur réussit à sonner
faux. Les dialogues sont boiteux et les répliques se voulant
drôles ne le sont aucunement. Seuls Pierre Lebeau et Didier Lucien
amusent légèrement dans le rôles de tueurs à
gages excentriques, l'un fervent protecteur de la faune et l'autre obsédé
par Tiger Woods. Mais même dans leur cas, les gags sont aussi
redondants que prévisibles. Le film entier semble baser son humour
sur le fait que ses personnages sont idiots. Vraiment idiots. La totalité
des farces du film sans aucune exception tournent autour de cette idée
peu originale. Que cet humour médiocre soit éclipsé
par une violence surprenante et quelque peu déplacée ne
fait que rendre plus cruellement évident l'incompétence
hallucinante qui semble être le mot d'ordre sur cette production.
Heureusement, le public n'a pas mordu à l'hameçon et le
film pourra aller bruler dans les puits damnés de l'enfer où
il a été conçu, en compagnie d'Angelo, Fredo
et Romeo et d'autres comédies québécoises
ratées qui ne méritent que d'être oubliées
au plus vite. Même la réalisation et le montage sont d'un
amateurisme à en couper le souffle. Les Dangeureux dégage
un aura de mauvaise qualité à tous les niveaux, n'amuse
aucunement et a comme seule et unique qualité d'avoir porté
un dur coup à la carrière de Véronique Cloutier.
À éviter comme la peste et probablement moins agréable...
Version française : -
Scénario :
Louis Saïa
Distribution :
Stéphane Rousseau, Véronique Cloutier,
Marc Messier, Pierre Lebeau
Durée :
108 minutes
Origine :
Québec
Publiée le :
4 Octobre 2004