LES DALTON (2005)
Philippe Haïm
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Vous souvenez-vous de la dernière fois qu'un film a pris les
allures d'une insulte directe à votre intelligence? Du dernier
déchet à avoir remis en question votre capacité
à réfléchir? Les Dalton, de Philippe Haïm,
est de cet acabit. C'est une chose - car le terme «film»
n'est plus vraiment approprié dans le cas présent - complètement
dépourvue de la moindre qualité rédemptrice. Voir
Les Dalton, c'est gaspiller son oxygène sur une cause
perdue. Il est triste de voir bafoués à coup de millions
de dollars mal investis des personnages que l'on a chéris toute
notre jeunesse durant. Mais il faut se rendre à l'évidence
: aux côtés des Dalton le Astérix et
Obélix contre César de Claude Berri a des allures
de chef-d'oeuvre subtil et délicat. C'est tout dire.
Bien entendu, le monstre enfanté par Haïm souffre d'une
multitude de défauts tous plus pitoyables les uns que les autres.
Mais la pire des maladies dont il est atteint, c'est cette déformation
hideuse redoutée par tous, j'ai nommé l'infographie française.
De toute évidence, l'Hexagone croit encore en sa capacité
à pondre des effets spéciaux numériques dignes
de ce nom. Souvenez-vous qu'il y a cinq ans de cela, les Français
étaient bien fiers de damner le pion à Georges Lucas en
pondant avec Vidocq le premier film complètement retouché
à l'ordinateur de l'histoire du cinéma. Aujourd'hui, le
mal est fait. L'empreinte débile laissée par Pitof sur
le cinéma de masse français est indélébile.
Ce maniérisme mal fichu, dérivé des pires excès
américains, a été canonisé courant esthétique
par on ne sait trop qui...
Malheureusement, ce sont les classiques de la bande dessinée
qui écopent les premiers. Sous prétexte de s'inspirer
du format BD, les réalisateurs se permettent toutes les entorses
possibles aux règles cinématographiques : tourné
à la manière d'un vidéoclip abruti tout en cumulant
les références convenues, mais surtout mal assénées
à Leone, le film de Haïm s'en tient sans aucune gêne
aux plus bas échelons de l'échelle de l'humour. D'abord
visuellement affreux, Les Dalton est de surcroît franchement
stupide. Les blagues, les rares que l'on peut distinguer de l'amoncellement
d'idioties qu'est le film dans son ensemble, ne fonctionnent absolument
pas.
On tente tant bien que mal d'intégrer à gauche et à
droite les éléments distinctifs de la série des
Lucky Lucke question de justifier la franchise, mais c'est
peine perdue. Le pauvre Rantanplan est carrément massacré
tant en chair et en os que dans sa forme numérique, tandis que
Jolly Jumper déblatère des âneries avec une voix
de demeuré. Que dire de ce Lucky Lucke heureusement tenu à
l'écart, sinon qu'il s'agit de la plus méprisable incarnation
du personnage que l'on aurait pu imaginer? De A à Z, Les
Dalton semble sans passion, mais surtout sans aucun respect pour
l'oeuvre de Morris. On tente en vain de créer une parodie du
western à partir de l'univers du plus célèbre des
cow-boys. Mais c'est peine perdue. En tant que comédie, l'expérience
se solde par un échec lamentable. Le Mission Cléopâtre
d'Alain Chabat demeure le standard à dépasser.
Autant l'aspect humoristique est pitoyable, autant l'aventure proposée
est pathétique. Une intrigue mal ficelée raboutant sombreros
magiques et évasions de prison a bientôt raison de notre
patience. Pour leur part, les scènes d'action s'effondrent sous
le poids des clichés tendancieux tandis que le ridicule sert
d'excuse à toutes les maladresses éculées imaginables.
Lorsqu'il y a originalité à l'oeuvre, c'est pour les fameuses
scènes mettant en vedette le chapeau magique. Elles sont époustouflantes
de ridicule, soit-dit en passant.
Au bout du compte, il ne reste plus qu'un film incroyablement laid et
demeuré au possible tout juste bon à être critiqué
sévèrement. Les Dalton mérite toutes les
tomates qui lui ont été lancées. Malgré
quelques gags cabotins qui font mouche, il s'agit d'une expérience
franchement déficiente et plutôt interminable. Retournez
à votre vieille copie VHS parasitée de La Ballade
des Dalton. Ou encore, attendez le temps des fêtes pour revoir
une énième fois Daisy Town à Ciné-Cadeau.
Mais de grâce, évitez cette horreur. Parce que Les
Dalton, c'est un maudit film de Mongol. Point à la ligne.
Version française : -
Scénario : Ramzy Bedia, Michel Hazanavicius, Eric Judor
Distribution : Eric Judor, Ramzy Bedia, Til Schweiger, Marthe
Villalonga
Durée : 86 minutes
Origine : France
Publiée le : 14 Mai 2006
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