CONFESSIONS OF A DANGEROUS MIND (2002)
George Clooney
Par Louis-Jérôme Cloutier
Confessions of a Dangerous Mind est tiré de l’autobiographie
de Chuck Barris. Ce producteur et animateur de télévision
des années 1960 soutient dans son livre qu’il menait une
double vie. La CIA s’en servait comme agent afin d’éliminer
ses ennemis à travers le monde. Est-ce que cette affirmation
est vraie ou est-ce un mensonge inventé de toutes pièces
par Barris? Le but du premier film de George Clooney n’est pas
de répondre à cette question, même si plusieurs
segments d’entrevues tentent de faire le lien entre la vie de
Barris du point de vue de son entourage et les péripéties
du film. C’est nul autre que Charlie Kaufman qui s’est chargé
de l’adaptation (clin d’œil) du livre pour le grand
écran. Avec le très énergétique Sam Rockwell
dans le rôle principal, Confessions of a Dangerous Mind
est un bon film, amusant et quand même assez intelligent.
L’histoire prend du temps à bien s’établir,
les premières images sont en fait celles de la fin du film, une
façon peu originale de débuter le tout. Le ton est rapidement
donné par la suite alors que l’on découvre l’adolescence
de Barris et ses essais afin de conquérir une femme. Rapidement,
il se trouve un poste dans une station de télévision et
tente de faire valoir un concept d’émission. C’est
à ce moment qu’un agent de la CIA l’approche pour
en faire un agent secret. Si l’autobiographie se veut sérieuse
et réaliste, Clooney et Kaufman ont préféré
en faire un film humoristique aux accents parfois surréalistes.
On ne prend donc pas vraiment au sérieux les élucubrations
de Barris. Plusieurs situations qui devraient être sérieuses
sont plutôt amusantes. Sous d’autres mains, on aurait pu
en tirer un film dramatique et lourd. Peut-être cela aurait-il
donner une certaine crédibilité aux propos de Barris.
Clooney n’écarte pas totalement cette possibilité
puisqu’il donne place à des scènes plus sérieuses
qui explorent davantage la personnalité de Barris et ses motivations.
Un accent est d’ailleurs mis sur l’action de tuer qui devient
une sorte d’obsession pour le personnage de Rockwell. Pour un
premier film, Clooney s’en tire donc très bien.
Il possède évidemment un très bon scénariste
qui assure la rigueur du film. Kaufman offre un bon humour, même
si l’oeuvre devient un peu trop compliqué vers la fin avec
des histoires de trahison et d’agents doubles qui nous laissent
perplexes. Il faut dire qu’on prend les aventures de Barris avec
humour pour finir avec davantage de sérieux. Le dosage n’est
donc pas parfaitement réussi, en plus que certains personnages
sont carrément inutiles ou agaçants dans le flot de l’histoire.
On finit par s’y perdre un peu et trouver le temps long. Quelques
coupures bien placées auraient été grandement bénéfiques
pour conserver un rythme et une énergie constante. Parlant d’énergie,
Rockwell est certainement dans les meilleurs points du film. Loin d’être
un acteur que l’on utilise dans des rôles sérieux,
il dose bien ce côté de son personnages et parvient d’autant
plus à faire rire. C’est un acteur qui mérite d’être
davantage connu pour ses talents. Son interprétation de Barris
est savoureuse. Drew Barrymore, qui est moins importante dans le récit
que l’on pourrait le croire, s’en tire bien en se tenant
loin de ses mimiques habituelles.
En bout de ligne, Confessions of a Dangerous Mind est un film
amusant qui fera passer un bon moment à quiconque le regardera.
Clooney franchit avec succès son passage derrière le caméra,
Rockwell est en pleine forme dans son interprétation de Barris
et Kaufman insère un humour intelligent au tout. Dommage que
le film souffre d’un manque de constance dans son rythme, de quelques
longueurs et de transitions parfois maladroites entre le réalisme
et la comédie.
Version française :
Confessions d'un homme dangereux
Scénario :
Charlie Kaufman, Chuck Barris (livre)
Distribution :
Sam Rockwell, Drew Barrymore, George Clooney, Julia
Roberts
Durée :
113 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
5 Janvier 2004