LA CITÉ DES ENFANTS PERDUS (1995)
Marc Caro
Jean-Pierre Jeunet
Par Miguel-Angel Galvez Soto
La cité des enfants perdus est ce genre de film qui
reste inconnu dans la filmographie d'un réalisateur jusqu'à
ce qu'il réalise un film au succès gargantuesque. Injustement
boudé par le public français et étrangement acclamé
par le public américain, ce film de Jeunet et Caro gagne à
être connu. Sans être le meilleur film de Jeunet, (enfin,
ça reste discutable) il reste que La cité des enfants
perdus est fort probablement le film le plus accompli de Jeunet,
accompagné de Caro.
Dans ce genre où tout est permi, les deux compères se
permettent des extravagances dans tous les domaines de la création:
des décors au personnages. La cité des enfants perdus
est une incursion fantastique dans le rêve. Les décors
nébuleux, kafkaïens donnent à la facture visuelle
un aspect remarquablement onirique. Les accesoires mécaniques
sont réglés au quart de tour et viennent augmenter l'aspect
fantastique des décors et du film.
La performance des comédiens est fort bien. La petite Judith
Vittet offre une performance hors du commun et très impressionnante
pour une fillette de son âge. Elle pourrait certainement donner
quelques leçons de ce côté de l'Atlantique. Ron
Perlman incarne bien le géant au coeur tendre qu'il joue avec
justesse. De plus, avec son français patibulaire, il vient ajouter
une touche caricaturale aux balbutiements langagiers de son personnage.
Le reste de la distribution bizzaroïde est des plus disparates
mais vient agrémenter le film de leur talent. On pense notamment
aux Daniel Emilfork, Dominique Pinon, Mireille Mossé, Jean-Claude
Dreyfus qui jouent leur(s) rôle(s), avec retenu dans la démesure.
Côté réalisation, le duo Jeunet/Caro signe ici son
deuxième opus fantastique. Les éléments filmiques
sont bien et on peut voir un Jeunet en pleine possession de ses moyens.
Les effets visuels ne souffrent pas du fait que leur directeur soit
un dénommé Pitof et sont incroyablement bien réussis.
L'histoire est simple, comme toute bonne chose, et est donc facile à
suivre. L'élément important dans La cité des
enfants perdus n'est pas tant la fin, mais bien les moyens. Chaque
éléments de l'histoire est bien amené, un peu nébuleux
quelquefois, mais toujours pertinent.
Bref, avec ce deuxième essai dans le domaine de la science-fiction,
Jeunet prend des galons. Après Delicatessen, La
cité des enfants perdus vient prouver l'imagination du futur
réalisateur de Alien: Resurrection. Avec ses décors
simples et nébuleux, ses performances d'acteurs impressionnantes
et une réalisation sans excès trop inutiles, La cité
des enfants perdus demeure, et demeurera fort probablement, un des meilleurs
films (!) de la filmographie impressionante, quoique encore peu nombreuse,
de Jeunet. Il est à espérer qu'il reviendra à la
science-fiction après son incursion plus que respectable dans
le cinéma plus conventionnel avec Le fabuleux destin d'Amélie
Poulain et Un long dimanche de fiançailles. À
voir absolument.
Version française : -
Scénario : Jean-Pierre Jeunet, Marc Caro, Gilles Adrien
Distribution : Ron Perlman, Daniel Emilfork, Judith Vittet, Dominique
Pinon
Durée : 112 minutes
Origine : France
Publiée le : 7 Mai 2005
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