LES CHORISTES (2004)
Christophe Barratier
Par Louis-Jérôme Cloutier
Un peu de rose bonbon, ça se prend bien de temps en temps, même
dans le monde du cinéma. Vous savez ces films à l’histoire
plutôt simpliste mettant en vedette un personnage faisant un peu
pitié et parvenant à changer les choses autour de lui.
Disons un film de sport, mais sans sport et avec une dramatique un peu
mieux développée, on a notre feel-good movie,
un film qui sépare avec un facilité déconcertante
le bien du mal. Les Choristes se classe dans cette catégorie
typiquement américaine. On y retrouve les meilleurs ingrédients
du genre: des acteurs de qualités, un scénario moralisant
jouant sur des pointes dramatiques et humoristiques, etc. Si tout cela
vient dès le départ ralentir grandement la propension
d’un film à atteindre des sommets de qualités encore
inégalés, on peut à tout le moins quand même
offrir une production tout a fait attrayante. Cela qualifie bien Les
Choristes.
Le film débute par la présentation d’un grand chef
d’orchestre. Suite au décès de sa mère, un
ancien ami d’enfance lui rend visite pour lui remettre le journal
de son ancien professeur de chant au pensionnat Fond de l’Étang
où il était pensionnaire en 1949. Ce journal raconte le
passage plutôt bref, mais néanmoins marquant de Clément
Matthieu dans la vie des jeunes délinquants du pensionnat à
qui on ne promettait aucun avenir.
Sans grande originalité, mais néanmoins satisfaisant qu’est
ce film signé Christophe Barratier. Il s’agit en fait d’une
sorte de remake français de la Société des
poètes disparus à quelques différences près.
Les élèves prisonniers d’un monde renfermé
et conservateur est toujours là, mais plutôt que d’être
des jeunes sans histoire et remplis de passion qu’ils ne peuvent
libérer, ce sont ici des élèves turbulents et agités
d’âges plus jeunes. La règle du pensionnat où
ils évoluent est action/réaction, ces jeunes enfants sont
donc contrôlés par la contrainte et doivent subir punition
par dessus punition pour leurs méfaits. Arrive dans ce drôle
de décor Clément Matthieu, parfaitement interprété
par un Gérard Jugnot fort attachant, qui ne voit pas les choses
de la même façon. Ainsi, viendra-t-il changer les habitudes
instaurées par l’austère et caricatural, bien qu’amusant,
directeur. Avec Robins Williams, les poèmes étaient le
médium de transmission de la passion et du changement. Ici, c’est
la musique et la chorale que met sur pied Matthieu. Et contrairement
à son homologue américain, Les Choristes est
un film plutôt axé vers le bonheur où les choses
tendent à se finir d’une bonne façon pour tous,
ou presque. L’utilisation de la narration, il s’agit de
Matthieu racontant sa brève aventure à Fond de l’Étang,
est très bien utilisée pour faire le pont entre les divers
évènements, le tout s’enchaine très bien.
Rempli de bons sentiments grands publics, Les Choristes est
un film qu’on peut difficilement détester malgré
ses propensions un peu manipulatrice où chaque personnage est
ancré dans une dynamique bien précise et particulièrement
caricaturale. Ainsi, les bons personnages ont tous le cœur plus
grand les uns que les autres, renforçant notre attachement envers
ces gens avec aussi peu de vice. Et on déteste rapidement ceux
que l’on présente comme nécessairement mauvais de
nature.
Partie intégrante de l’histoire, la musique y occupe une
place importante sans être omniprésente. Bien entendu,
une chorale d’enfants n’est pas particulièrement
passionnante, mais elle agit ici comme élément plutôt
secondaire à la véritable trame qui se joue sur l’avenir
d’un enfant en particulier qui aspire à devenir un grand
chanteur et chef d’orchestre. Jean-Baptiste Maunier, enfant à
la voix prodigieuse incarne ici son propre rôle d’une certaine
façon. Si son personnage plutôt introverti le rend difficile
à saisir, on peut dire qu’il communique aisément
par la voie de la musique. Et tout de même, les séquences
de musique sont très réussies.
Le constat s’impose de lui-même, Les Choristes
est un film agréable à écouter. Une histoire manipulatrice
au maximum jouant sans cesse la carte des bons sentiments et emplie
de personnages unidimensionnels ancrés du début à
la fin dans la même enveloppe. Néanmoins, on se laisse
facilement prendre au jeu de ce récit somme tout amusant, touchant
et divertissant.
Version française : -
Scénario : Christophe Barratier, Philipe Lopes-Curval,
Georges Chaperot
Distribution : Gérard Jugnot, François Berléand,
Jean-Baptiste Maunier
Durée : 98 minutes
Origine : France, Suisse
Publiée le : 5 Juin 2005
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