CACHE-CACHE (2005)
Yves Caumon
Par Jean-François Vandeuren
Depuis la sortie du Fabuleux destin d’Amélie Poulain,
une mode semble s’être installée alors que bon nombre
de cinéastes ont a leur tour essayé depuis de faire du
merveilleux avec de l’ordinaire. Une morale que bien des individus
d’une société vivant à 100 à l’heure
sans prendre le temps d’apprécier les choses les plus simples
que la vie a à nous offrir auraient besoin de prendre en considération,
selon ces réalisateurs. Yves Caumon nous offre ainsi à
sa manière un film véhiculant le même genre de concepts,
mais d’une façon beaucoup plus modeste. Le cinéaste
français nous introduit donc à une famille venant tout
juste de racheter une vieille maison de campagne qui était squattée
auparavant par un personnage quelque peu inhabituel. Lorsque les nouveaux
habitants emménageront finalement dans la demeure complètement
remise à neuf, l’homme en question se réfugiera
dans un puit à proximité pour ne sortir que la nuit. Les
enfants commenceront alors à croire que le puit est habité
par un fantôme, car les objets qu’ils y lancent réapparaissent
toujours dans des endroits plutôt curieux de leur nouveau domicile.
L’approche visuelle de Caumon est évidemment beaucoup moins
chargée que celle d’un cinéaste comme Jean-Pierre
Jeunet. Sans être une élaboration visuelle d’une
complexité ahurissante, Cache-cache demeure en soi fort
pertinent sur ce point et la mise en images plus sobre du cinéaste
français se veut du même coup la plus appropriée
pour son scénario. Mais tout comme Jeunet, Caumon tente de faire
un conte destiné à un public adulte. Mais il semble croire
en même temps que comme ce genre d’approche tente avant
tout de faire renaître le côté innocent qui sommeille
en nous depuis si longtemps, son public va donc être prêt
à accepter plus facilement les points moins crédibles
de son récit. Et elle est là la faute la plus importante
de Cache-cache qui souligne constamment ses intentions d’une
manière pas toujours vraisemblable.
Le scénario signé Yves Caumon et Emmanuelle Jacob devient
en ce sens plutôt répétitif et ne parvient pas à
se renouveler suffisamment pour garder l’attention du spectateur
d’un bout à l’autre, amplifiant légèrement
le même stratagème qui est au départ bien présenté,
mais qui finit par ne plus faire de vagues après un certain temps.
Le tout est quand même appuyé par un casting des plus sympathiques,
mené par Bernard Blancan qui réussit à rendre totalement
crédible son personnage muet d’homme enfant dans un contexte
qui ne l’est pas toujours. Il faudra en ce sens s’armer
d’une largesse d’esprit assez phénoménale
pour croire en la possibilité d’une telle histoire. Bien
évidemment, on nage dans un monde bercé par une tangente
fantaisiste, mais il y a tout de même certaines limites qu’il
est mieux de ne pas dépasser. Le meilleur exemple reste notre
cher intrus qui fouinera chaque nuit sur la propriété
et même dans la maison des nouveaux occupants d’une manière
parfois assez bruyante sans jamais tirer de leur sommeil une famille
pourtant agacée par le moindre aboiement de leur chien.
Il est tout de même assez difficile de réellement s’attaquer
à un film comme Cache-cache, car malgré ses fautes,
le long métrage d’Yves Caumon fut visiblement élaboré
avec bon cœur et regorge de bonnes intentions. Le résultat
se veut sympathique à bien des égards et parvient momentanément
à critiquer l’état d’une société
devenue beaucoup trop méfiante sans raison valable face à
n’importe quoi. Mais, comme pour tout le reste, Caumon ne parvient
pas à aller au bout de cette idée. Du moins, pas aussi
loin qu’on l’aurait souhaité. Nous devons tout de
même accorder à Cache-cache sa part de mérite
vu le nombre d’idées forts intrigantes que le film introduit
au départ, mais qui aurait sans l’ombre d'un doute fait
un bien meilleur court-métrage.
Version française : -
Scénario :
Yves Caumon, Emmanuelle Jacob
Distribution :
Bernard Blancan, Lucia Sanchez, Antoine Chappey,
Éloïse Guérin
Durée :
91 minutes
Origine :
France
Publiée le :
28 Octobre 2005