CABIN FEVER (2003)
Eli Roth
Par Louis-Jérôme Cloutier
Cinq finissants universitaires décident d’aller passer
une semaine dans une cabane perdue au beau milieu de la forêt.
Alors que tous s’amusent et fêtent à grand renfort
de drogue et d’alcool, un individu débarque le visage ensanglanté
et apparemment confus. En voulant le faire éloigner, les jeunes
le tuent et il termine sa vie dans une rivière. Cependant, cette
rivière est le réservoir qui alimente le chalet en eau.
Une mystérieuse maladie mangeuse de chair se propage rapidement
parmi les jeunes qui deviennent paranoïaques et qui cherchent désespérément
de l’aide.
Cabin Fever est une sorte d’hommage à plusieurs
classiques de l’horreur. On y voit fréquemment des références
à Evil Dead, The Texas Chainsaw Massacre et
même The Shining. De plus, le réalisateur Eli
Roth étant un apprenti de David Lynch, on retrouve certaines
séquences nous rappelant ce grand réalisateur. Bien que
la prémisse laisse croire en un film réussi, le résultat
sur écran est très différent de ce à quoi
je m’attendais. Problème majeur: le scénario est
complètement raté et s’écroule dès
les débuts du film. Bien sûr, un film du genre n’a
jamais une histoire à tout casser, mais on aurait pu s’attendre
à avoir une certaine logique puisque le ton du film est souvent
très sérieux. Comment alors digérer certaines actions
des personnages qui n’ont absolument aucun sens et dont le caractère
change toutes les cinq minutes. Cela agace franchement et empêche
de se concentrer uniquement sur l’aspect davantage série
B du film. Comme je le disais, le ton est souvent très sérieux,
alors que d’autres fois, il passe à un humour parfois douteux
ou très drôle. Humour très rarement adapté
au cadre du film. La transition est souvent trop abrupte et on se demande
où le réalisateur veut en venir. Les hommages à
Lynch ne sont pas réussis, selon moi, puisqu’il dégrade
la qualité du film. Il ne suffit pas de vouloir rendre hommage
à des classiques, encore faut-il en faire un ensemble cohérent.
Les dernières minutes sont particulièrement pauvres en
structure et en intérêt.
On peut quand même relever certaines qualités au film.
Des acteurs jouant correctement leur rôle et une réalisation
assez efficace pour un premier film en sont de bons exemples. Si Eli
Roth n’a pas entièrement réussi son scénario,
il en est autrement dans la façon dont il maitrise la caméra.
Il a toutefois trop souvent recours à l’appui sonore pour
créer une ambiance terrifiante et donner des sursauts, mais si
l’on considère le tout comme un série B, c’est
du très bon travail. La musique est également une belle
réussite avec des morceaux de violoncelle cadrant parfaitement
dans l’ambiance. On peut donc voir que Cabin Fever, malgré
son budget modeste, est réussi au niveau des aspects techniques.
Aussi, les fans de gore seront aux anges, mais ceux qui s’attendent
à des frissons de peur devront repasser. Donc, n’aller
surtout pas imaginer la moindre once d’originalité dans
le tout. Cabin Fever désire surtout utiliser les recettes
connues avec un maximum d’efficacité à l’intérieur
d’un traitement un peu différent. En résumé,
d’un côté certains moments sont loin des films du
genre Freddy Vs Jason alors que d’autres sont des clichés
extrêmement classiques. Tout de même, plusieurs personnes
auront plaisir à dénicher les inspirations évidentes
de Roth.
Quel est le résultat global? Un film prévisible et trop
éclaté qui aura de la difficulté à satisfaire
le public. Peut-être y a-t-il un degré que je n’ai
pas saisi dans le film (attendez de voir l’enfant qui fait du
karaté au ralenti) puisque Roth veut souvent se prendre pour
Lynch. Mais la plupart de ces moments sont davantage drôles qu’efficaces.
On navigue constamment entre deux vagues, c'est-à-dire entre
des scènes vraiment bien recherchées et d’autres
totalement pitoyables. Est-ce voulu? Est-ce que le film se prend au
sérieux ou non? Le ton change trop souvent pour le dire. Les
références aux classiques de l’horreur, l’humour
franchement drôle à certains moments et tout le gore
réussiront peut-être à ne pas faire regretter l’achat
du billet. Cependant, on devra attendre encore un peu avant de pouvoir
se mettre un bon film d’horreur sous la dent.
Version française :
Fièvre noire
Scénario :
Ron Pearlstein, Eli Roth
Distribution :
Rider Strong, Jordan Ladd, Joey Kern, Cerina Vincent
Durée :
94 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
14 Septembre 2003