BACK TO THE FUTURE (1985)
Robert Zemeckis
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Le cinéma hollywoodien est actuellement en perdition, et la responsabilité
de ce déclin n'incombe pas uniquement à une quelconque
révolution numérique de la production et de la distribution
actuellement en préparation. C'est la qualité même
du produit hollywoodien moyen qui a chutée de façon drastique,
comme le prouve aisément une écoute de ce classique du
divertissement grand public qu'est Back to the Future. Alors
que le blockbuster actuel est construit à partir de l'accumulation
d'effets spéciaux tapageurs et repose règle générale
sur une quelconque formule éculée remise à la mode
par une quelconque astuce de marketing, un coup d'oeil au premier film
de la populaire série prouve hors de tout doute que ce ne fut
pas toujours le cas au royaume du rêve prédigéré.
Car malgré les innombrables rediffusions, malgré les écoutes
répétées, Back to the Future demeure rafraichissant
et efficace quelques vingt ans après sa sortie en salles.
Ce n'est pas que Zemeckis et Bob Gale avaient déniché
le plus original des sujets lors de l'écriture de leur scénario.
Tout le charme de Back to the Future réside dans ce
traitement vif et dynamique du sempiternel voyage dans le temps et de
ses dangers théoriques qui y est proposé. En cet amusant
amalgame du film de science-fiction et de la comédie pour adolescent,
on venait de composer la ligne directrice d'un innocent mais mémorable
moment de cinéma se distinguant tout d'abord par l'incroyable
efficacité de sa narration. Rapide et alerte, le film de Zemeckis
place ses éléments importants en deux temps trois mouvements
tout en s'assurant de bien définir ses personnages, des archétypes
bien livrés et hautement sympathiques auxquels le spectateur
a tôt fait de s'attacher.
C'est pour cette raison que l'on oublie le côté légèrement
convenu de l'intrigue, d'autant plus que les scénaristes s'assurent
que les situations cocasses se multiplient sans cesse. La relation que
devra entretenir Marty (Michael J. Fox) avec ses parents avant sa propre
naissance afin de s'assurer que celle-ci ait lieu est un tour de passe-passe
narratif rondement mené que l'on suit avec plaisir, d'autan plus
que la distribution entière trouve le juste ton entre la grosse
farce rétro et le bon gout. Cela dit, c'est Christopher Lloyd
qui se démarque ici par son jeu caricatural et énergique.
Tout, ici, est donc affaire de traitement. Alors que les acteurs jouent
dans le bon registre, Zemeckis et Gale s'assurent que le spectateur
ne s'ennuiera pas une seconde grâce à la précision
d'un scénario qui fonctionne au quart de tour près. Le
département artistique s'occupe pour sa part de donner un look
cohérent et attachant à chaque accessoire et à
chaque décor du film. Au montage, un travail sans faille permet
de donner au spectateur l'impression que le film dure deux fois moins
longtemps que ce n'est le cas dans la réalité et voilà,
le tour est joué. On a affaire à du vrai boulot professionnel.
Armé d'un scénario en béton armé et d'une
prémisse aussi attachante qu'humaine, Zemeckis arriva à
conquérir le box-office pour obtenir les meilleures recettes
de 1985. Son film continue à charmer les spectateurs encore aujourd'hui,
un exploit qu'il y a fort à parier que les produits de consommation
de plus en plus jetables dont nous farcissent les gros studios depuis
quelques années n'arriveront pas à relever. Car, bien
que Back to the Future soit le produit d'une époque
bien précise, ces années 80 aussi étranges que
marquantes avec lesquelles on entretient une relation bien ambivalente,
il y est raconté avec brio une histoire intemporelle dont on
ne se lassera jamais. Encore aujourd'hui, il s'agit d'un modèle
à suivre dans le domaine du cinéma commercial de qualité.
Gageons que ce sera encore le cas dans vingt ans, même si l'empire
hollywoodien en venait à s'effondrer entre temps.
Version française :
Retour vers le futur
Scénario :
Robert Zemeckis, Bob Gale
Distribution :
Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Crispin Glover,
Lea Thompson
Durée :
111 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
19 Avril 2005