LES BOYS II (1998)
Louis Saïa
Par Jean-François Vandeuren
Les Boys II était inévitable. Les spectateurs
comblés par une première vue légère et efficace
en redemandaient. Les producteurs rêvaient jour et nuit de répéter
la même frénésie aux guichets que celle qui prit
tout le Québec par surprise à l’hiver 1997. Après
la réussite commerciale du premier film, le cinéma québécois
avait enfin l’opportunité de capitaliser sur un succès
monstre (le plus gros de son histoire à l’époque)
et d’entrer dans la « game » des sequels d’une
manière rentable. Contrairement au Miracle à Memphis
de Pierre Falardeau, la raison d'être des Boys II n’était
pas le financement d’un projet de bien meilleur goût. Nous
pouvions donc espérer avoir droit à un effort qui serait
pris un peu plus au sérieux par ses instigateurs. Louis Saïa
et les scénaristes René Brisebois et François Camirand
s’en remirent une fois de plus à une impressionnante galette
de personnages mémorables et un humour typiquement québécois
pour tomber dans les bonnes grâces de leur public. Sans perdre
son charme, on sent toutefois que la formule s’essouffle un tantinet.
Les aventures de la clique de la brasserie Chez Stan redémarrent
par contre sur une bien triste note. Ce bon vieux Labine (dont tout
le monde se souvient pour ses exploits moustachus aussi immobiles que
muets dans le premier opus) a rendu l’âme dans un tragique
accident de barbecue. Mais qu’à cela ne tienne! C’est
vers la France que les Boys se dirigent ensuite pour disputer un important
tournoi de hockey amateur. Tout est alors mis en place pour revisiter
le mythe du Québécois colon en vacances et donner un autre
coup de patin à un mélange gagnant de hockey et d’humour
de fond de taverne dont l’efficacité n’est plus à
prouver depuis qu’une bande de joyeux lurons traduirent en joual
le Slap Shot de George Roy Hill.
Les Boys devint pour plusieurs la nouvelle référence
pour parler du cinéma québécois visant spécifiquement
tous les Maurices et Marcels de la province. L'effort de Saïa n'a
d'ailleurs jamais eu la prétention d'être autre chose.
Tout comme son prédécesseur, Les Boys II n’est
donc pas un film que l’on visionne pour la richesse de son propos
ou la profondeur psychologique de ses personnages. Pourtant, ces derniers
forment le cœur de l’œuvre de Louis Saïa. Brisebois
et Camirand ne cherchèrent par contre en aucun cas à pousser
plus loin ce qui avait déjà été mis en place
par Saïa et Christian Fournier un an plus tôt. Comme les
présentations ont déjà été faites,
nous renouons rapidement avec le fin caractère de chacun des
personnages. Évidemment, l’humour des Boys II
est entièrement axé sur les dialogues, lesquelles défilent
à un rythme effarant pour atteindre leur objectif sans trop de
difficulté. À cet effet, l’effort est grandement
aidé par un ensemble de comédiens reprenant leur rôle
respectif avec un plaisir évident. Cette complicité entre
les différents acteurs sauve d’ailleurs le film de la banalité
à plus d’une reprise.
Mais comme nous pouvions nous y attendre, les trois scénaristes
ne tentent jamais de faire de leur effort plus qu’une simple suite
de répliques et de situations cocasses. Aucun enjeu plus significatif
n’est collé au récit pour y ajouter un peu plus
de profondeur. Quelques touches plus dramatiques sont certes introduites
ici et là pour permettre à l’ensemble de ne pas
complètement dérailler en cours de route. Par contre,
quelques coupures auraient pu facilement être effectuées.
Malgré son rythme des plus soutenus, Les Boys II perd
de sa vigueur à quelques reprises durant les deux heures sur
lesquelles il s’étend. Louis Saïa signe ainsi une
suite réalisée en suivant les règles de l’art.
« La formule fonctionna une fois, il n’y a donc aucune raison
de la changer », s’est-il sûrement dit. Au moins,
ça lui aura permis de rester à une distance considérable
du désastre gênant que fut Les Dangereux pendant
un certain temps.
Version française : -
Scénario : René Brisebois, François Camirand,
Louis Saïa
Distribution : Marc Messier, Rémy Girard, Patrick Huard,
Serge Thériault
Durée : 122 minutes
Origine : Québec
Publiée le : 25 Juin 2006
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