A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

LES BOYS (1997)
Louis Saïa

Par Alexandre Fontaine Rousseau

On pourrait pontifier sur la corruption mercantile du cinéma d'ici, adopter le point de vue féministe selon lequel Les Boys cultive le stéréotype de la femme-objet, souligner la déficience technique qu'affichent les séquences de hockey du film de Louis Saïa ou tout simplement critiquer la facilité de son humour de vestiaire. Mais l'exercice serait futile, d'autant plus qu'à défaut de faire preuve d'une grande subtilité ce premier volet de la plus populaire des franchises de l'histoire du cinéma québécois s'avère un divertissement tout à fait honnête ayant le mérite de comprendre à la fois son public et l'univers qu'il dépeint. Car il aurait été somme toute bien difficile de signer une fine comédie de moeurs sur le monde de bière, de femmes et de hockey qu'habite l'équipe d'étoiles assemblée par le producteur Richard Goudreau.

La recette est simple. En réunissant une bande d'acteurs et d'humoristes appréciés par le grand public autour du scénario classique que partagent tous les drames sportifs depuis Rocky, le succès populaire était bel et bien assuré. La mise est cette fois amplifié par le fait que le sympathique Stan (Rémy Girard) met en jeu sa brasserie autour d'une partie de hockey, certes, mais la base demeure la même: Les Boys concède la victoire aux mal-aimés, aux amateurs et aux souffre-douleurs. Ses héros sont bourrés de défauts. Leurs adversaires leurs sont sans l'ombre d'un doute supérieurs. Mais grâce à la camaraderie et à la détermination, ce sont bien entendu nos Boys qui vaincront.

Au-delà d'une prémisse incroyablement convenue, le film de Saïa nous propose surtout une enfilade de sketchs humoristiques axés sur des dialogues accrocheurs et sur l'opposition entre des personnages caricaturés à l'extrême. Évidemment, le procédé d'écriture est presque télévisuel mais les diverses scènes fonctionnent entre autre pour cette raison. Les Boys mise principalement sur notre attachement à une galerie diversifiée de protagonistes plus ou moins sympathiques campés par une brochette de vedette s'amusant visiblement à endosser l'uniforme de la formation fictive. De petits détails viennent stimuler la ferveur patriotique du spectateur: nos hockeyeurs de garage s'apitoient sur les résultats du référendum de 1980, leurs adversaires portent les numéros de grands joueurs canadiens tandis qu'ils affichent fièrement ceux de légendes québécoises.

Entendons-nous. Ce procédé n'a rien de très cinématographique. Mais le cinéma de Saïa fonctionne mieux lorsque sa réalisation est sobre, voire invisible. Les pathétiques pirouettes qu'accomplissait de peine et de misère sa caméra dans les méprisables Dangereux ne viennent pas encore déboussoler sa réalisation sans envergure, mais compétente. On regrette ce manque d'ambition lors des matchs de hockey, aucunement excitants, mais la majeure partie des Boys se déroule ailleurs que sur la patinoire. Patrick Huard s'accapare la meilleure scène du film lorsqu'il tente de vendre un condominium à un jeune couple tandis que le personnage de Pierre Lebeau vole la vedette à chacune de ses apparitions.

En fait, Saïa préfère s'installer dans le vestiaire et à la taverne où ses personnages peuvent échanger les répliques sans avoir à compter de buts. Ce faisant, il se glisse dans un temple sacré de la masculinité québécoise question d'en dresser un portrait doucement dérisoire et vaguement affectueux. Les Boys se contente de proposer une poignée de moments de franche rigolade et d'explorer avec une certaine justesse un milieu typiquement québécois. La formule, pour ce premier volet du moins, fonctionne bien. Saïa signe ainsi une bonne comédie moyenne, facile, mais efficace. Au moins, le Québec a maintenant une alternative à la traduction de Slap Shot pour sustenter son besoin viscéral d'humour et de hockey... et Radio-Canada quelque chose à programmer le samedi lorsque la LNH entre en grève. On a vu pire.




Version française : -
Scénario : Christian Fournier, Louis Saïa
Distribution : Marc Messier, Rémy Girard, Patrick Huard, Serge Thériault
Durée : 107 minutes
Origine : Québec

Publiée le : 25 Juin 2006