BOWLING FOR COLUMBINE (2002)
Michael Moore
Par Jean-François Vandeuren
Je vais faire quelque chose d’un peu spéciale pour la critique
du tout dernier regard que nous offre Michael Moore sur notre monde
qui réussit à trouver de nouvelles méthodes à
chaque jour pour devenir un peu plus débile. Ce dernier s'attaque
cette fois-ci à la frénésie des armes à
feu aux États-Unis et à la culture de la peur qui ensevelit
la population normale du pays. Je dois dire que j’avais tout d’abord
écrit une critique comme vous êtes habitués d'en
lire, chers lecteurs et lectrices de Panorama, argumentant sur l’utilisation
formidable des divers éléments du mélange dynamique
de l’opus de Moore en louangeant le traitement extrêmement
bien dosé et efficace, le mordant de l'approche du propos, etc.,
mais je me suis finalement résigné à mettre le
tout en ligne pour vous donner plutôt ces quelques phrases. Je
trouve finalement qu’il est inapproprié de faire une critique,
dans le bon sens du terme, d’un tel travail. Ce n’est pas
un film qui se doit d’être critiqué. Bowling
for Columbine est tout simplement un documentaire qui se doit d’être
vu, qui se doit d’être exploré et, le plus important,
d’être compris. Le mieux que je puisse faire est de vous
inviter à tout prix à le voir. Pour le reste, il n’en
tient qu’à vous.
Dans son contenu, Moore ne donne pas de réponses claires. Il
ne se prend pas pour le messie détenant la vérité
absolue. Ce qu’il fait, au contraire, c’est qu’il
nous donne beaucoup d’hypothèses et pose énormément
de questions sur les fondements d’une telle culture emprisonnée
à l’intérieur d’un sentiment de frayeur continuel,
qui paraît indestructible tellement les autorités et les
médias s’efforcent depuis des années d’en
rajouter encore et encore sur une couche de terreur déjà
très épaisse. Sur autant de contenu défilant devant
nos yeux pendant les quelques deux heures de Bowling for Columbine,
il n’en tient qu'au spectateur d’émettre une réflexion
et d’en tirer des conclusions. C’est également le
type de long métrage qu’il est préférable
de voir en groupe pour pouvoir partager sa pensée envers l’oeuvre
par la suite, de façon à ce que le film vive en dehors
de sa pellicule. Par ailleurs, j'ai lu beaucoup de critiques sur la
toile dépeignant les propos du film, souvent pris très
positivement, parfois amèrement et injustement négative,
et je me posais cette question : en tant que rédacteur d'un site
sur le cinéma, est-ce un bon outil pour parler de cette problématique
telle que Moore nous la présente? J'en suis venu à la
conclusion que non. C'est le devoir de tout spectateur du film, comme
je l'expliquais plus haut, d'en arriver à en retirer ce qu'il
peut du résultat final. Une critique n'est qu'un monologue. Le
contenu de Bowling for Columbine doit plutôt être
abordé sous la forme d'un dialogue, de vives voix. Tout ce que
je dirai sur le film et qui représente mon opinion n'est que
pour moi. Bowling for Columbine est une esquisse grandiose
d'un problème que l'on aborde pas assez souvent et qui est pourtant
extrêmement sérieux et dommageable autant à court
qu'à long terme.
Je termine ce bref regard sur le film en vous disant qu’il s’agit
d’un documentaire d’une nécessité cruciale,
une voix qui hausse le ton alors qu'à l'opposée, une société
d'individualistes irresponsables caractérisant l’ensemble
de l'occident, blâmant n’importe qui ou n’importe
quoi sauf eux-mêmes, bien évidemment, et ce, sans nécessairement
réfléchir ou tenter de comprendre le pourquoi des événements,
se tait et s'emprisonne dans le quotidien, le boulot, la télévision,
etc. Comme le répond si bien le chanteur Marilyn Manson à
savoir ce qu’il aurait fait s’il avait eu la chance de parler
aux gens de la communauté de Columbine suite au massacre: «Je
n’aurais rien dit, j’aurais plutôt écouté
ce qu’ils avaient à dire, ce que personne n’a fait.»
Version française :
Bowling à Columbine : Le jeu
des armes
Scénario :
Michael Moore
Distribution :
Michael Moore, Charlton Heston, Marilyn Manson,
Matt Stone
Durée :
120 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
21 Août 2003