THE BOURNE SUPREMACY (2004)
Paul Greengrass
Par Frédéric Rochefort-Allie
Une étrange règle à Hollywood veut que lorsque
la suite d'un film Hollywoodien à gros budget sort en salles,
le résultat soit quasi-obligatoirement décevant et bâclé.
Combien de fois avons nous vu des séries, à première
vue intéressantes, se tirer dans les pieds en tentant de soit
reprendre sa forme originale ou en amenant un changement. Bourne
Supremacy fait exception à ces règles. Non seulement
y retrouve-t-on le charme de son prédécesseur, mais le
changement de réalisateur ne fait qu'améliorer tout ce
qu'on jugeait déjà comme un rafraichissement dans le domaine
de l'espionnage.
Jason Bourne (Matt Damon), ex-agent du programme Trendstone caché
depuis quelques années en Inde, voit sa sécurité
menacée alors qu'un mercenaire cherche à l'éliminer
de toute les façons imaginables. Persuadés qu'il est responsable
du meurtre de deux hommes, le gouvernement traquera Bourne une seconde
fois.
Si à première vue on semble replonger dans la même
intrigue que Bourne Identity, le scénario pousse cette
fois la grande aventure de Bourne vers un autre niveau. Dans le premier
opus, Bourne se demandait: Qui suis-je? Dans le second, nous nous penchons
plutôt sur une nouvelle interrogation, à savoir: Quand
est-ce que tout débuta? Les personnages, en particulier Bourne,
ne sont pas unidimensionnels comme chez le cousin Bond. Les méchants
ont des enjeux un peu moins mégalomanes que chez les Dr No
et Goldfinger du cinéma d'espionnage commercial typique.
Une attention particulière est portée à la psychologie
des personnages. C'est bien plus réaliste ainsi car quelle règle
spécifie qu'un agent secret doit sauver le monde de 9h à
5h ?
Paul Greengrass, réalisateur anglais de drames à petit
budget, se voit ici confier une suite extrêmement attendue. Il
aurait été facile pour un débutant de ne savoir
que faire avec autant de responsabilités envers le premier film.
Heureusement Greengrass apporte chez Supremacy, avec sa caméra
sur épaule, un tout nouveau souffle. En effet, cette technique,
proposant au lecteur d'être au niveau des yeux du personnage,
intensifie l'identification à un personnage dont on ne connait
pas le passé. Cette idée fut donc plus que bénéfique.
Le film semble bien plus réel et vivant qu'il n'aurait pu l'être
et gagne en puissance par sa réalisation et son montage vif.
Bref, le film s'approche drôlement plus, au niveau de l'approche
des scènes par le réalisateur, du documentaire qu'aucun
film d'espionnage ne le sera jamais. Le film semble faire le portrait
de personnages atteints par la fatalité d'être espion.
D'ailleurs, si Bullit explorait quelque peu l'idée de faire rentrer
le spectateur dans l'action par ses poursuites, bien chez Supremacy
on ne pourrais espérer mieux. Seul bémol, ceux qui ne
tolèrent pas la caméra sur épaule devraient s'abstenir
de voir le film. Malheureusement, il en serait mieux ainsi.
Chez les acteurs, Matt Damon, Franka Potente, Brian Cox et compagnie
sont toujours aussi forts qu'auparavant. La direction d'acteurs de Greengrass
ne fait qu'améliorer la crédibilité de leur jeu.
Personne ne tombe dans la caricature et chaque personnage nous semble
réel, d'où l'importance d'un bon réalisateur avec
une bonne distribution. Nulle surprise à ce niveau, si vous aimiez
Damon en Bourne, il en sera fort probablement encore de même cette
fois-ci. Bref, mis à part quelques nouveaux rôles bien
interprétés, l'ensemble est identique en tout points.
Le contraire aurait été décevant.
Donc, amateurs de thrillers réjouissez-vous! Rarement a-t-on
été aussi gâtés depuis l'été
2004, avec la venue de Collateral qui est à noter. La
série des Bourne s'affirme déjà comme
étant supérieure en terme de qualité à l'ensemble
des James Bond et Mission: Impossible. Supremacy est
non seulement un film qui réjouira les fans d'action, mais aussi
les amateurs de cinéma européen. Supremacy fait
donc le pont entre deux univers opposés, et penche beaucoup plus
du côté intello contrairement au premier qui était
légèrement plus orienté vers l'action. Contrairement
à l'identité de son personnage principal, ce deuxième
volet est inoubliable chez les blockbusters américains.
Acclamons-le haut et fort, la suprémacie de Bourne ne fait que
s'affirmer. Vivement l'Ultimatum!
Version française :
La Mort dans la peau
Scénario :
Tony Gilroy, Robert Ludlum (roman)
Distribution :
Matt Damon, Franka Potente, Brian Cox, Julia Stiles
Durée :
108 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
26 Juillet 2004