THE BOURNE IDENTITY (2001)
Doug Liman
Par Frédéric Rochefort-Allie
La mémoire est une faculté extrêmement importante.
Preuve en est, le cinéma américain des dernières
années pivote autour de celle-ci : Memento, Eternal
Sunshine of the Spotless Mind et Fight Club par exemple.
Cependant, le film The Bourne Identity se démarque car
il effectue un retour vers une période du cinéma malheureusement
oubliée et qui fait regretter à ce bon vieux James, son
absence totale de matière grise.
Retrouvé près de Marseille, Jason Bourne (Matt Damon)
ne se souvient plus de rien. Il souffre d'amnésie. Ayant trouvé
certaines informations greffées dans une hanche, Bourne entreprend
une quête d'identité qui l'effraie par ce qu'il découvre
à propos de lui-même. Le problème est qu'on recherche
cet homme pour l'abattre. Les retrouvailles qu'il fait avec son identité
sont donc loins d'être une partie de plaisir.
Sans être de la complexité d'un film de Fellini, The
Bourne Identity apporte au divertissement hollywoodien cette petite
dose d'intelligence qu'il lui manquait. Contrairement à Bond,
ce n'est pas l'action qui est mise de l'avant mais bien les personnages.
Voilà toute la différence! Car en fait, notre protagoniste
se développe au fil du récit, découvrant des habiletés
jusqu'alors insoupçonnées. Cela ajoute énormément
à l'identification de ce héros, car le spectateur suit
l'évolution du personnage en même temps que ce dernier.
Malgré tout, un petit hic. Les adeptes de Ludlum sont généralement
déçu de l'adaptation plutôt libre du célèbre
best-seller. Mais comme le cinéma et la littérature
sont deux arts distincts, devrions-nous nécessairement nous attendre
à une transposition exacte du roman? N'avons-nous rien appris
des somnolents Harry Potter? Bien qu'il adopte de nombreux
clichés pour son genre, The Bourne Identity est un film
bien dosé entre action et drame qui arrive à surprendre
tout en jouant avec les conventions d'Hollywood.
Malgré qu'aucun réel génie ne se découvre
chez Doug Liman, le réalisateur demeure authentique à
une période du cinéma où l'action ne se résumait
pas qu'à trois lettres : CGI. Ainsi, l'action semble bien plus
réaliste, ce qui n'est que bénéfique au film. Ajoutant
la sauce d'Hong-Kong pour certaines scènes, The Bourne Identity
n'est que rafraîchie par le bon dosage d'influences, évitant
de tomber dans la caricature comme plusieurs films datant des environs
du nouveau millénaire. Le point de vue dramatique occupe énormément
d'importance chez Liman, donnant lieu à des scènes d'une
qualité nostalgique. La direction d'acteur est effectivement
intéressante, quoique dans les normes des bons films de son genre.
Reste que The Bourne Identity a pour but principal de divertir.
Sur ce point, c'est une mission grandement accomplie.
Matt Damon, incarnant le rôle titre du film, s'en tire plutôt
bien. Son jeu est suffisamment convaincant pour que Bourne puisse paraître
plus humain que l'agent 007. Son charisme le rend d'ailleurs sympathique.
Franka Potente agit ici à titre de fugitive de service, quoiqu'un
intéressant personnage. L'actrice l'agrémente de sa personnalité
extravertie. Mais il demeure que de toute cette distribution, c'est
Chris Cooper qui vole la vedette avec une interprétation tout
à fait crédible d'un rôle doublement plus cliché
que l'ensemble des personnages.
Somme toute, The Bourne Identity est un film divertissant,
procurant des moments d'adrénaline et qui, heureusement, respecte
ses spectateurs. Il est peut-être cliché par moments, mais
jamais autant que ce cher James. Ce n'est peut-être pas un film
qui nous questionne d'un point de vue social ou qui remet en question
notre perception de la vie, mais l'action et le divertissement avec
matière grise font bon ménage.
Version française :
La Mémoire dans la peau
Scénario :
Tony Gilroy, Robert Ludlum (roman)
Distribution :
Matt Damon, Franka Potente, Chris Cooper, Brian
Cox
Durée :
111 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
19 Avril 2004