BLADE RUNNER (1982)
Ridley Scott
Par Frédéric Rochefort-Allie
Des rois de la science-fiction, seulement quelques noms s'imposent.
L'un d'eux est sans contredit Philip K. Dick. Dans la foulée
des adaptations plus ou moins réussies de ses moindres écrits
se trouve un film : Blade Runner. Ayant déjà
mis pied dans la science-fiction avec le fameux Alien, Ridley
Scott devait rencontrer de très grosses attentes, tant de la
part de la masse que des intellectuels. Le résultat : un des
films de science-fiction ayant eu le plus d'influence, surpassant de
loin les tous récents The Matrix.
Dans ce monde futuriste, des robots aux allures humaines sont traqués
par des détectives que l'on nomme Blade Runners. Le meilleur
de ceux-ci, Deckard (Harrison Ford), est engagé pour traquer
cinq robots, ou plutôt cinq « repliquants », et les
retirer de la société, ce qui implique donc de les tuer.
Il serait tout à fait injuste envers Jordan Cronenweth d'ignorer
ne serait-ce qu'un instant l'indéniable qualité de sa
direction photo. La finesse de ses images rivalise avec les plus grands
noms du métier. Plusieurs images du film accèdent à
l'immortalité par leur beauté, les plans qui nous présentent
la vision futuriste de Los Angeles en sont un bon exemple. La direction
artistique reflète vraiment la post-modernité par sa cité
hétérogène où les cultures cohabitent. Si
on nous indique que nous sommes dans le futur, les costumes et les décors
font plutôt référence au vieux cinéma des
années 1930, sauf pour le look de certains repliquants. Le spectateur
est donc déstabilisé par les repères temporels.
En fait, Blade Runner est un film Néo-Noir où
le stéréotype du détective se sent aliéné
et ne cherche qu'à fuir son emploi, étant pourtant le
champion. Le scénario apporte d'ailleurs une sérieuse
réflexion sur la signification d'humain et sur l'avenir de la
technologie. Mais encore là, que faut-il attendre d'une adaptation
d'un livre de K. Dick sinon qu'un récit légèrement
paranoïaque mais ô combien nécessaire aux humains.
On peut aussi voir un Harrison Ford qui tente de fuir l'image du héros
à laquelle on l'associe et qui cherche à représenter
de la froideur, ce qu’il fait avec succès. Mais la véritable
star de ce film est sans aucun doute Rutger Hauer (incarnant le chef
des repliquants). L'intonation de son jeu, ses gestes, tout fait de
ce personnage un être charismatique. Difficile aussi d'ignorer
Darryl Hannah dans l'un des meilleurs rôles de sa carrière
où son statue de sex-symbol des années 1980 est plutôt
utile pour rendre certains aspects de son personnage crédibles.
Ridley Scott, quant à lui, signe un film splendide en images
mais extraordinairement silencieux. Le montage ne privilégie
pas les dialogues, ce qui pourrait endormir le spectateur inexpérimenté
ou la personne moindrement fatiguée. D'ailleurs, la musique manque
de rythme, mais reste tout à fait planante.
Bref, il est dur d'égaler Blade Runner sur plusieurs
plans. Malgré son influence sur la mode, l'architecture, l'art
et plus particulièrement le cinéma, ce film reste un incontournable,
mais pas un chef d'oeuvre, car certaines petites lacunes nuisent à
la qualité de cette oeuvre. Les amateurs de science-fiction ne
peuvent s'y tromper : Blade Runner est un film songé
et intéressant.
Version française :
Blade Runner
Scénario :
Hampton Fancher, Philip K. Dick (roman)
Distribution :
Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Edward
James Olmos
Durée :
117 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
5 Octobre 2003