BIG TROUBLE IN LITTLE CHINA (1986)
John Carpenter
Par Nicolas Krief
Les années 80 sont le grenier des films de dimanche après-midi
dans lequel vont piger les réseaux de télévision.
Les bonnes années d’Eddie Murphy avec The Golden Child
et Coming to America, les films de science-fiction comme Robocop
et Terminator, et j’en passe. John Carpenter a été
plutôt productif durant cette décennie : The Fog,
Escape from New York, The Thing, Christine,
Starman, Big Trouble in Little China, etc. Ces films
ont rempli les dimanches après-midi pluvieux de milliers de jeunes
étudiants, comme moi. En 1986, Carpenter semblait au sommet de
sa forme lorsqu’il réalisa Big Trouble in Little China,
il semblait aussi avoir envie de s’amuser, et on sent tout le
plaisir qu’il a eu à diriger Kurt Russell une nouvelle
fois. Un scénario signé Gary Goldman, avec Kim Cattrall
(Sex and the City) et Victor Wong (The Golden Child,
3 Ninjas), ça ne pouvait que bien fonctionner.
Les Aventures de Jack Burton, de son titre français,
pourrait avoir l’air du voyage initiatique d’un camionneur
à l’intérieur de Chinatown qui lui ferait découvrir
les merveilles de la culture chinoise… Mais non, c’est plutôt
un sympathique film d’action opposant le bien et le mal, avec
une touche d’exotisme. Il ne faut pas se le cacher, plusieurs
éléments de la culture chinoise tendent facilement vers
le quétaine : les couleurs flash, les paillettes, les statues
dorées, les costumes flamboyants et j’en passe. C’est
ce que Carpenter exploite pour apporter à son film un côté
farfelu, presque enfantin. Les couleurs sont bien importantes dans Big
Trouble in Little China car elles représentent, avec beaucoup
de subtilité, les forces du bien et les forces du mal. Les bandanas
jaunes contre les ceintures rouges ainsi que les rayons de lumière
verts et mauves dans lesquels deux guerriers virtuels qui s’affrontent
à l’épée provoquent chez le spectateur une
bonne humeur contagieuse.
Kurt Russel (Jack Burton) est fidèle à lui-même,
c’est-à-dire qu’on retrouve exactement le personnage
de Snake, mais sous un autre nom. En fait, Kurt Russell joue Kurt Russell
et il fait ça très bien. Son personnage est arrogant et
baveux, c’est une grosse brute au mode de vie vigoureusement occidental.
Il enchaîne les répliques assassines dans lesquelles il
insère ses propres citations du genre «Comme dit toujours
ce bon vieux Jack…». Bref, il réunit tous les clichés
du héros viril qui pue la testostérone et l’Aqua
Velva. Victor Wong, James Hong et James Pax sont les principaux membres
de la distribution asiatique de Big Trouble in Little China;
ils ne projettent pas l’image de la Chine que l’on est habitué
de voir dans le cinéma de Wong Kar Wai, ils sont méchants
et ont un regard louche. Peut-être représentent-ils plutôt
la diaspora chinoise aux États-Unis?
Carpenter ajoute une certaine valeur artistique à son film avec
quelques plans assez impressionnants. Certains sont des plans-séquences
très réussis, d’autres ont une composition visuelle
fort intéressante. La trame sonore, fort efficace et signée
Carpenter lui-même, ne manque pas de nous rappeler que le tout
se passe dans les années 80. Le doré, le mauve, le vert
fluo et plein d’autres couleurs kitsch font partie d’une
direction artistique, signée par le grand Les Gobruegge, qui
donne toute son ambiance kitch au film.
John Carpenter s’amuse follement aux commandes de ce film, et
partage son bonheur avec le reste des membres de l’équipe.
On y retrouve l’influence de Enter the Dragon, avec Bruce
Lee et John Saxon; faisant du film un hommage au cinéma Kung
Fu des années 70 [duh]. Big trouble in Little China
est loin d’être le chef-d’œuvre de Carpenter,
mais a une place importante dans la filmographie d’un bon cinéaste
de science-fiction. Pour compléter le dimanche après-midi,
pourquoi ne pas louer Escape from New York, ou Un temps
pour l’ivresse des chevaux, peu importe.
Version française :
Les Aventures de Jack Burton
Scénario :
Gary Goldman, David Z. Weinstein
Distribution :
Kurt Russell, Kim Cattrall, Dennis Dun, James Hong
Durée :
99 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
10 Septembre 2007