THE BIG LEBOWSKI (1998)
Joel Coen
Par Frédéric Rochefort-Allie
Honnêtement, les frères Coen sont des cinéastes
que j'adore. Peu importe le film, les deux frères gardent toujours
leur sens de l'humour noir et leur sens impeccable de l'esthétisme.
The Big Lebowski n'est d'ailleurs pas leur premier. En fait,
ils en ont fait plus de sept avant celui-ci et leur toute première
oeuvre a gagné le prix du jury à Sundance. C'est ce qu'on
pourrait qualifier de bon départ. Pour les Coen, The Big
Lebowski fait un portrait plutôt caricatural des gens que
l'on peut retrouver à Los Angeles.
Ce portrait raconte justement l'histoire d'un personnage plutôt
particulier qui se nomme lui même « The Dude ». The
Dude, ce paresseux de la pire espèce, est victime d'un malentendu.
Deux armoires à glace le confondent avec un millionnaire qui
porte le même nom : Jeff Lebowski. Le problème dans tout
ceci est que le fameux tapis, qui remplit si bien la pièce de
l'anti-héros, se fait pisser dessus. The Dude est malgré
lui entraîné dans une enquête plus qu'incompréhensible
dans le seul but de récupérer son tapis et de retrouver
sa petite vie tranquille et minable.
On pourrait qualifier The Big Lebowski de film de personnages.
C'est eux et non l'intrigue qui captent vraiment l'attention des spectateurs.
En fait, The Big Lebowski nous propose un voyage dans l'univers
du Dude. Rien de ce qui se passe dans l'univers extérieur au
personnage n'est clair. Le scénario est tout à fait brillant.
Les dialogues sont naturels et très humoristiques et les personnages
(étant caricaturaux) sont vraiment facile à cerner. C'est
d'ailleurs ce qui explique que le personnage de Jesus frappe autant
en si peu de temps. J'ai aussi carrément adoré la narration
du début. Elle donne le ton au film et réussit à
faire rire tout en intriguant. Une autre force de ce film : la direction
photo. Si dans Fargo la neige utilisait au maximum son côté
éblouissant, ici Roger Deakins (le directeur photo) nous transporte
dans un univers au look un peu sale et très kitch. Le montage
est lui aussi tout simplement parfait. Jamais un abat n'a semblé
aussi intéressant que dans The Big Lebowski. Que dire
aussi de la chimie entre Jeff Bridges et John Goodman sinon qu'elle
est plus que parfaite. Les deux acteurs ont une maîtrise totale
de l'intonation, ce qui crée des situations très humoristiques.
Il faut dire qu'ils ne sont pas non plus sous la réalisation
de n'importe qui. Les frères Coen manient parfaitement le langage
cinématographique, créant de superbes « inserts
» et des rêves carrément délirants (accompagnés
d'une excellente trame sonore).
The Big Lebowski est donc un film pour ceux qui aiment rire
tout en ne se faisant pas prendre pour des cons. C'est plutôt
rare maintenant dans les comédies américaines d'allier
intelligence à humour. Ce film est donc un énorme coup
de cœur de ma part.
À voir si vous avez aimé : Fargo, Magnolia
et The Man Who Wasn't There.
Version française :
Le Grand Lebowski
Scénario :
Ethan Coen, Joel Coen
Distribution :
Jeff Bridges, John Goodman, Steve Buscemi, Julianne
Moore
Durée :
117 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
1er Juillet 2003