A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

BATMAN RETURNS (1992)
Tim Burton

Par Jean-François Vandeuren

Il est certain que la manière dont les films hollywoodiens étaient filmés à la fin des années 80 n’aurait pu donner la chance à une approche comme celle de Batman Begins de voir le jour d’une façon aussi convaincante qu’aujourd’hui. Il semble en effet que le chainon manquant pouvant rendre possible une adaptation de bande dessinée sachant intégrer cinéma fantastique à un contexte crédible ne fut découvert qu’une décennie plus tard. Cela explique d’une certaine façon pourquoi, à l’époque, les ébauches cinématographiques inspirées de super héros comme Superman donnaient souvent l’impression de ne pas savoir sur quel pied danser. C’est aussi dans cette optique que Tim Burton était le choix le plus judicieux pour porter Batman au grand écran, Warner Bros. se doutant bien que l’univers excentrique de ce dernier allait amplement combler l’impossibilité de commercialiser une approche plus terre à terre. Pari que Burton remporta avec classe en 1989 avec un premier film captivant, mais qui ne dévoilait pas totalement les élans créateurs du cinéaste. Le succès de Batman assura à Burton de pouvoir imposer un peu plus sa signature pour la suite des hostilités, laissant cette fois-ci toute la place à un monde sublimement cauchemardesque.

Batman Returns prend donc les bouchés doubles en confrontant cette fois-ci le mystérieux homme chauve-souris à deux de ses plus célèbres adversaires, le Pingouin et Catwoman. Ce qu’il y a de plus surprenant dans les adaptations de Burton, c’est de constater à quel point il s’attarde beaucoup plus au cas des ennemis de Batman plutôt que de scruter directement le cas de l’alter ego de Bruce Wayne, prenant les origines et motivations de ce dernier pour acquis depuis le temps où il erre dans la culture populaire américaine. Si la fascination pour les atmosphères noires et les personnages anormaux et souvent grotesques des films de Burton avait amené le précédent opus à capitaliser sur le cas du Joker, c’est sensiblement dans le même ordre d’idées qu’il place à l’avant-plan les personnages interprétés par un Danny DeVito remarquable et une Michelle Pfeiffer plus qu’à son aise, volant de bien des manières la vedette à un Michael Keaton toujours aussi convainquant en terme d’importance à l’écran. C’est une idée assez judicieuse il faut bien l’admettre, car elle permit à Burton et au scénariste Daniel Waters d’approcher le cas du héros d’une manière originale en formant des comparaisons à distance, surtout avec Catwoman où s’y dévoilent certaines similitudes avec le héros quant à la responsabilité et aux possibilités engendrées par le masque qu’ils portent tout deux.

Mais la vedette du film cette fois-ci est vraiment Burton lui-même. On reconnait plus facilement dans ce second volet la vision tordue du réalisateur, culminant un gout pour le macabre et l’étrange, formant de nombreuses scènes à saveur très théâtrale agrémentés des élans musicaux reconnaissables entre tous du collaborateur de toujours de Burton, Danny Elfman. Les décors fabuleux formant un Gotham City pris entre deux époques respirent ce monde par le biais de statues métalliques gigantesques, de gratte-ciels et de places publiques parfaites pour tourner un film d’horreur. Burton s’inspire également beaucoup du cinéma expressionniste allemand des années 20 et il ne cache jamais son admiration et son désir d’y rendre hommage. Le personnage de l’industriel Max Schrek fut d’ailleurs nommés en référence à l’acteur du même nom qui interpréta le personnage titre du Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau.

Une suite qui est donc à bien des égards supérieure à son prédécesseur, offrant une symbiose beaucoup plus sentie entre la bande dessinée de Bob Kane et l’univers visuel unique de Tim Burton. Même s’il accueillera des admirateurs provenant des deux côtés de cette rencontre, Batman Returns risque tout de même d’être plus apprécié par les fans du réalisateur américain. Un film qui demeure un des joyaux esthétiques de la filmographie de ce dernier, mélangeant avec soin des décors fantastiques et des personnages fascinants qui compensent amplement pour des scènes d’action tournées à l’image du Gotham City du présent effort: à l’ancienne, mais avec une touche de modernisme. Il est seulement dommage de voir un Batman toujours aussi limité par son imposant costume.




Version française : Le Retour de Batman
Scénario : Daniel Waters, Sam Hamm
Distribution : Michael Keaton, Danny DeVito, Michelle Pfeiffer
Durée : 126 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 26 Juin 2005