BATMAN & ROBIN (1997)
Joel Schumacher
Par Louis-Jérôme Cloutier
Batman Forever n’était peut-être pas mauvais,
mais c’était un point tournant dans la série qui
avait auparavant été conduite par Tim Burton. Terminé
l’univers glauque et presque gothique de Gotham, les néons
faisaient leur apparition et le costume de Batman devenait peu à
peu sculpté à l’image d’un culturiste. Fort
d’un succès populaire, les producteurs ont malheureusement
décidé de poursuivre à fond dans la même
voie, mal leur en pris. Batman & Robin, c’est l’aboutissement
de tout ce qui pouvait mal virer, c’est le cauchemar des fans
de Batman, c’est un film tout bonnement risible. Et ce l’est
dès les premières minutes, voire secondes, qui nous dévoilent
clairement à quel point le fond du baril a été
atteint. Voyez-vous, on débute par Batman et Robin qui se «déguisent»
sur un montage rapide, et entre autre, on présente un plan...
du derrière de nos deux héros, dans leur costume bien
moulé. Et par la suite, on découvre la nouvelle Batmobile
qui flashe de couleurs néon bleu et rouge. Et pour couronner
le tout, Batman livre une réplique, quoique drôle si on
la prend en marge du film, vient quand même complètement
faire perdre son sérieux. On peut reprocher ce que l’on
veut à Tim Burton, sa vision de Batman n’est jamais tombée
dans le ridicule à défaut d’être fidèle.
Commençons par le scénario, qui lui aussi dévoile
sa médiocrité rapidement. Difficile de contenir son rire
devant autant de ridicule. Imaginez la première séquence
d’action, Batman et Robin se retrouvent confrontés à
Mr. Freeze qui dérobe un musée. Ainsi, tout est devenu
de glace, et notre vilain déchaine sur nos héros ses sbires
qui se trouvent à être des sortes de joueurs de hockey.
Mais attention, Batman et Robin, frappant leurs pieds l’un contre
l’autre font apparaitre sous leurs pieds nul autre que... des
patins à glace! Et que font-ils ensuite? Ils prennent un bâton
de hockey et tentent de sauver un diamant dont Mr. Freeze voulait s’emparer
s’en servant un peu comme une rondelle de hockey. Voyez qu’une
critique de ce film est relativement simple, les scènes parlent
d’elles-mêmes!
La photographie, les décors, les effets numériques et
tout l’aspect artistique du film se concentrent à surexposer
certaines couleurs, contrairement à Batman Returns qui
jouait sur le côté sombre. Certains peuvent préférer
cette avenue, mais l’univers de Burton convenait bien mieux à
celui que l’on apelle le Dark Knight. Les scènes d’action
sont franchement pitoyables et constamment bien trop tirées par
les cheveux pour conserver une quelconque part d’héroïsme.
George Clooney est un acteur talentueux, mais il ne fait pas un très
bon Batman. Il semble complètement coincé en Bruce Wayne,
sans doute mal dirigé par Schumacher. L’introduction des
personnages est fort mal habile, constamment escamotée sans le
moindre sens de la présentation et du suspense. Batman &
Robin est un film résolument tourné vers le côté
campy de Batman, le vraisemblable est complètement disparu.
Cas typique d’un film qui ne se prend tout simplement pas assez
au sérieux. Et on vient ajouter Batgirl à tout ce beau
portrait? Mon dieu! quelle mauvaise idée. On tente de créer
un approfondissement du personnage d’Alfred, tentative simplement
ratée. Celui-ci, mourant, désire contacter son frère
qui est en Inde comme serviteur à la cour d’un quelconque
roi? Hello? On parle bien de Batman? Que dire également
de cette course de moto entre Barbara et Robin, encore une séquence
qui n’a plus rien à voir avec l’univers de Batman.
Et il y a cette chicane entre notre héros favori, qui comme dans
le film, est extrêmement infantile.
Akiva Goldsman est un scénariste qui est éventuellement
parvenu à séduire l’Académie en remportant
un Oscar du meilleur scénario original avec A Beautiful Mind.
Tout de même un exploit considérable quand on sait qu’il
est également responsable de la reprise sur grand écran
de Lost in Space et de Batman & Robin. Ce dernier
est un film totalement nul qui ne possède qu’à peine
quelques minutes d’intérêt honorable. Schumacher
a tout de même tué une série que Burton avait pourtant
bien démarrée. Mais au fond, on savait que Batman allait
revenir un jour ou l’autre et que l’échec de ce volet
allait empêcher que l’on revienne faire les mêmes
erreurs.
Version française :
Batman et Robin
Scénario :
Akiva Goldsman
Distribution :
George Clooney, Chris O'Donnell, Arnold Schwarzenegger
Durée :
125 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
26 Juin 2005