BAD NEWS BEARS (2005)
Richard Linklater
Par Frédéric Rochefort-Allie
L'été c'est bien connu, c'est la saison du baseball! Pour
les États-Unis, il s'agit de leur second sport national, tout
juste après le football américain. Il est donc normal
que le cinéma, partageant lui aussi nos loisirs durant la période
estivale, puisse faire le pont entre ces deux univers pour nous offrir
des divertissements légers, mais efficaces. Cependant, depuis
plusieurs années le film sportif famillial a été
mis de côté, pour laisser place à un cinéma
beaucoup mature. Avec Bad News Bears, Linklater prouve que
la même situation se produit pour ce qui est supposé toucher
les enfants.
Mr Buttermaker (Billy Bob Thorton) est un ancien joueur de baseball
professionnel devenu raté de premier ordre, qui préfère
l'alcool à la compagnie humaine, si ce n'est qu'à l'exception
de la gent féminine. Lorsqu'on lui confie la pire équipe
de la ligue, il décidera d'en faire une équipe gagnante,
mais s'écartant des méthodes politically correct.
L'histoire est on ne peut plus classique. Une équipe de ratés,
un coach qui l'est tout autant, tout joue contre eux. Puis soudainement,
l'équipe progresse tranquillement pour enfin se retrouver à
la finale du championnat... et vous devinez le reste! Les Mighty Ducks
l'ont fait, Rocky l'a fait et maintenant c'est au tour des Bad News
Bears. Ce remake signé Richard Linklater n'est pas animé
par cette même passion qui nous a donné les Dazed &
Confused et autres petits classiques de sa griffe. S'il est vrai
que le public visé est différent, Bad News Bears
est étonnamment froid en comparaison et souffre aussi d'un sérieux
manque d'originalité. Entre Before Sunset et A Scanner
Darkly qui sortira sur nos écrans en 2006, ce remake prouve
qu'il sert de source alimentaire pour financer un projet plus risqué.
Un peu comme le fait Robert Rodriguez avec ses Spy Kids. Car
pourtant, School of Rock, premier film pour enfants du cinéaste,
demeurait tout de même sous sa signature.
Le problème principal de Bad News Bears, ce n'est pas
l'idée d'avoir ajouté des gags adultes, mais plutôt
l'étrange façon avec laquelle les scénaristes de
Bad Santa ont tenté de les intégrer. Le film
n'arrive jamais à se brancher par rapport à son public
cible. D'un côté, les adultes seront agressés par
les personnages hyper stéréotypés (quoiqu'amusant
pour le joueur en chaise roulante) qui ne visent qu'un public de jeunes
enfants et la plupart des répliques plutôt crues du coach
ont de quoi choquer plus d'un parent. Elles n'ont strictement aucun
rapport. Pour rassurer un joueur et l'inciter à embarquer sur
le terrain, l'entraineur lui dit: «J'aimerais que tu puisses te
sentir bien là bas. C'est comme quand tu te ramasse avec une
fille que tu ne pensait pas pouvoir avoir et tu est comme... hmmm.»
Malgré la présence de sexe, d'alcool, de racisme et de
quasi-pédophilie, la Régie du cinéma au Québec
s'entête à lui donner une cote générale.
Allez savoir!
Le film pour enfant ne devrait pas toujours être accompagné
d'une petite morale à deux sous comme le fait Disney, mais il
y a tout de même des limites à ce qu'un film de la sorte
peut accepter. The Sandlot, sorti il y a un peu plus de dix
ans, fait lui-même figure d'exemple car il réussit à
séduire tous les partis et à faire replonger n'importe
qui dans la période de ses 12 ans. Bien sûr, ce dernier
n'est pas satirique comme les Bears. Mais si Linklater et ses
scénaristes cherchaient vraiment à donner vie au personnage
de Billy Bob Thorthon, qui est le seul centre d'intérêt,
ils auraient pu éliminer l'espace superflu qu'il accorde aux
enfants, au risque de choquer les fans du film original, et se concentrer
à laisser plus d'espace à leur Bad Santa transposé
dans un champ de baseball.
Linklater nous offre donc son pire film en carrière, ce qui est
chose d'exception. Billy Bob Thorthon est peut-être toujours aussi
génial, mais le remake, lui, n'a pas la magie de son ancêtre.
Bad News Bears est destiné à tomber dans un oubli
profond, n'attirant pas les enfants et repoussant leurs parents à
l'idée de présenter à leurs gamins des gags si
«matures». Décevant pour l'oeuvre d'un cinéaste
si brillant et original.
Version française : Une équipe d'enfer
Scénario : Bill Lancaster, Glen Ficarra, John Requa
Distribution : Billy Bob Thornton, Greg Kinnear, Marcia Gay Harden,
Sammi Kane Kraft
Durée : 113 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 4 Août 2005
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