BAD BOYS II (2003)
Michael Bay
Par Jean-François Vandeuren
1995 marquait le départ d’une longue association entre
le réalisateur de vidéo clips Michael Bay et le producteur
de films à gros budget Jerry Bruckheimer. Les diverses collaborations
auront rapporté une somme d’argent assez imposante, mais
au niveau de la qualité, on est mieux de ne pas trop y penser.
Pourtant, Bay n’est pas nécessairement un réalisateur
sans talent. Donc, huit ans plus tard, on retrouve les deux personnages
du film original, encore une fois interprétés par Martin
Lawrence et Will Smith, dans une production signée encore du
chéquier que l’on pourrait croire sans fond de Jerry Bruckheimer
et de l’oeil de Michael Bay. Était-ce vraiment nécessaire?
La raison d’une si longue attente, selon les dires des producteurs,
réside dans le fait que c’est le temps que ça aura
pris pour que tout le monde soit satisfait d'un scénario potentiel.
Pourtant, quand on voit le produit fini, une attente un peu plus longue
n’aurait aucunement pu faire plus de dommage. Il ne faut pas s’attendre
à quelque chose de très flamboyant côté contenu
quand vient le temps de s’asseoir et de visionner le dernier produit
de consommation signé Michael Bay et Jerry Bruckheimer. Le but
est plutôt de développer un contexte bidon, une histoire
de trafic d’ecstasy fait l'affaire dans le cas présent,
pour ensuite nous bombarder de scènes d’action d’une
violence ahurissante et un petit côté comique pour alléger
le tout avec les traditionnelles querelles entre les deux principaux
protagonistes, jouant ici à la fois les mannequins et les flics
branchés irresponsables, comme dans toutes bonnes comédies
d’action impliquant un duo policier qui ne s’entend pas
nécessairement bien. Pour le reste, que des clichés, que
du réchauffé, rien de vraiment nouveau en plus d’être
excessivement, voire inutilement, long. On se demande réellement
où était l’intérêt de faire un film
s’étalant sur pratiquement deux heures et demi si ce n’est
que pour inclure un petit voyage à Cuba pour ajouter un peu plus
de dommages et de morts au nom de la patrie à un film qui pourtant
en comptait déjà amplement.
D'autre part, c’est un autre film qui démontre une certaine
tendance à Hollywood présentement, basée sur les
remous laissés par la popularité surprise de The Fast
and the Furious, où l'on tente d’exploiter la traditionnelle
scène de la poursuite en la poussant à la limite du possible
et en causant le plus de dommages par la même occasion. Et ici,
on est en présence de la quintessence de la destruction. Si vous
pensiez avoir tout vu cet été avec Terminator 3
et The Matrix Reloaded, vous risquez d’être surpris.
Bizarrement, Michael Bay a réussi à créer une scène
d’une immoralité impardonnable tout en réussissant
à la rendre extrêmement efficace. Il y a de sérieuses
questions à se poser toutefois quand après avoir causé
la mort de plusieurs dizaines de personnes en plus de millions de dollars
de dommages, nos deux mauvais garçons ne se font réprimander
que sur le manque de subtilité de leur travail.
Là où le film s’en sort un peu mieux, c’est
au niveau du visuel. Ce qui est étrange avec Michael Bay, c'est
qu’il a un style assez liché qui demeure une bonne coche
au dessus de la majorité des productions du même genre.
Cependant, il ne réussit pas à le soutenir et à
force d'essayer, il tombe inévitablement dans le ridicule. Le
problème se trouve aussi au niveau des projets qu’il choisit
qui ne sont, il faut bien l'admettre, pas vraiment convaincants en ce
qui a trait au contenu. Il pourrait être intéressant de
voir le résultat d’un film de Bay où il ne s’associerait
pas avec le roi du Big Mac hollywoodien. Même si intéressant,
c'est tout de même loin d'être parfait. Par moment, c’est
même assez minable, notamment une utilisation de l’effet
bullet-time complètement ratée. La courte présence
d’une influence de David Fincher fait aussi peine à voir.
Mais pour le reste, il faut reconnaitre que ça marche tout de
même comme ça devrait marcher. Dynamique, mais complètement
artificiel.
Bref, Bad Boys 2 est un déchet, mais pourtant, les amateurs
d’action y trouveront fort probablement leur compte. Jerry Bruckheimer
nous offre encore une fois du cinéma fast-food très
vide et irresponsable, mais divertissant si on se munit d’une
bonne bouteille de Peptobismol pour digérer le tout.
Version française :
Mauvais garçons 2
Scénario :
Ron Shelton, Jerry Stahl
Distribution :
Martin Lawrence, Will Smith, Jordi Molla, Peter
Stormare
Durée :
146 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
22 Juillet 2003