THE AVENGERS (1998)
Jeremiah S. Chechik
Par Frédéric Rochefort-Allie
Quand en 1962 apparut l'agent secret britannique le plus célèbre
de tout les temps, James Bond, un véritable courant de séries
d'espionnage vit le jour. C'est environ à cette époque
que débuta le feuilleton de The Avengers, véritable
monument de l'univers de la télévision qui dura plusieurs
années. Vers 1990 souffla un vent d'adaptations cinématographiques
et pour certain, il paraissait évident que ce n'était
qu'une question de temps avant qu'Emma Peel n'enfile ses bottes de cuir
à nouveau. Ils n'avaient pas tort.
Alors qu'un mystérieux et richissime écossais nommé
Sir August De Wynter (Sean Connery) décide de contrôler
la météo pour en tirer un avantage politique et économique,
nos deux agents ( Ralph Fiennes et Uma Thurman) doivent tout faire pour
l'en empêcher. Mais les choses se compliquent alors qu'une seconde
Emma Peel apparaît dans le décor.
D'une part, Uma Thurman est bien jolie, habillée en cuir avec
les cheveux rouges.
D'autre part, il est tout à fait impossible de croire, ne serait-ce
qu'une seule minute, au nombre incroyable d'absurdités que l'on
nous débite en aussi peu de temps. L'histoire elle-même
se développe si rapidement que même le plus attentif des
spectateurs n'y comprendra pas grand chose. Certaines scènes
clefs tiennent leur logique d'un imaginaire on ne peut plus déconnecté
de la réalité. On tente parfois de nous faire réfléchir
un tantinet mais la morale à deux sous n'en vaut même pas
la peine. Ce qui énerve le plus chez The Avengers c'est
ce constant kitsch qui hante le film. Ce défaut aurait bien pu
être tiré à son avantage si le scénariste
ne se serait pas permis tant d'allusions sexuelles dans les dialogues
et une attitude si relaxe de la part de ses protagonistes face au danger.
Au nombre de millions dont disposait le réalisateur, des erreurs
si grossières sont inacceptables. La réalisation elle-même
reste dans la limite du passable, si ce n'était des effets spéciaux
tout à fait dégoûtants et d'un nombre un peu trop
imposant d'ours en peluche géants pour une seule poursuite. Bref,
voici l'exemple parfait que lorsque l'on choisit d'orienter ses forces
vers le style plutôt que la substance et qu'on ne possède
pas la touche nécessaire, on n'atteint pas sa cible. Uma Thurman,
Ralph Fiennes, Sean Connery et Jim Broadbent, sont tous réunis
pour donner vie à un tel navet, on ne pourrait être plus
déçu. D'autant plus que Fiennes était tout à
fait rayonnant de charisme dans Schindler's List, tout le contraire
justement de son interprétation en tant que John Steed. Bref,
l'habit ne fait pas le moine.
Peut-être est-ce dû au décalage horaire culturel
d'une nouvelle génération ou plus probablement au manque
de talent du tandem entre le scénariste et le réalisateur.
The Avengers n'arrive certainement pas à capter l'intérêt
de ses spectateurs. Au bout du compte, il ne reste que très peu
de substance sinon qu'un chapeau melon et des bottes de cuir. Même
si le film procure des moments d'hilarités (plus ou moins désirés),
il ne serait peut-être pas mauvais de suivre le conseil de nos
deux héros britanniques et d'accompagner votre visionnement d'une
tasse de thé...ou peut-être d'une tisane.
Version française :
Chapeau melon et bottes de cuir
Scénario :
Don MacPherson, Sydney Newman (série
télé)
Distribution :
Ralph Fiennes, Uma Thurman, Sean Connery, Patrick
Macnee
Durée :
89 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
14 Juillet 2004