L'AUBERGE ESPAGNOLE (2002)
Cédric Klapisch
Par Frédéric Rochefort-Allie
Du cinéma français moderne, seuls quelques titres retiennent
l'attention du public québécois. Malheureusement, comme
nous sommes plus attirés par le cinéma hollywoodien, les
producteurs ne peuvent risquer de nous présenter des films moins
commerciaux. Parfois, par chance, des films moins américanisés
que Taxi 2 ou Le Pacte Des Loups font un succès
en Europe et sont donc jugés comme étant sources de revenus
potables en Amérique. C'est le cas pour L'Auberge espagnole.
Comme le titre l'indique, le film traite du choc des cultures. Notre
protagoniste principal, le Français Xavier (Romain Duris), quitte
ses proches pour prendre des cours en Espagne, question d'éventuellement
décrocher un emploi dans la bureaucratie parisienne. Une fois
à Barcelone, il rencontre des gens de différentes cultures
et doit apprendre à cohabiter avec eux. Entre-temps, il doit
aussi apprendre à vivre avec lui-même.
On se souviendra qu'il y a de cela quelques années, le réalisateur
Cédric Klapisch avait frappé de plein front la comédie
française avec Chacun cherche son chat. Cette fois-ci,
il récidive avec un film tout aussi comique et d'autant plus
rafraîchissant. Klapisch et son monteur utilisent différentes
techniques pour créer un effet particulier chez le spectateur.
Par exemple, lors d'une scène où tous les étudiants
sont ivres, différents plans se superposent en fondus. Le résultat
est très crédible et crée un impact bien plus grand.
Les accélérés, une technique ont ne peut plus utilisée
depuis le clip pour la chanson Ray Of Light de Madonna, frôlent
la perfection et ils vont même jusqu'à ajouter de l'humour
dans certaines scènes. Les amateurs de musique seront ravis de
reconnaitre du Radiohead, du Ali Farka Touré et bien d'autres
belles mélodies qui accompagnent merveilleusement bien les splendides
images de Barcelone. Parfois, on se croirait même dans une carte
postale vivante. Mais la véritable force du film se trouve en
sa distribution. Les acteurs ne réinventent pas la roue, mais
ils arrivent à transformer des personnages stéréotypés
en êtres crédibles. Mon coup de coeur irait à Kelly
Reilly (Wendy l'Anglaise dans l'auberge), une actrice attachante et
sympathique qui sait garder sa crédibilité tout en jouant
la comédie. Seul Christian Pagh (Lars) déçoit par
sa froideur et son faible charisme. Au bout du compte, on finit par
oublier son existence et en ce sens, ce n'est que bénéfique
au film.
Comme comédie d'été, L'Auberge espagnole
frappe fort. On y trouve de l'humour, de l'intelligence, du style et
une histoire intéressante (quoi que prévisible). Au bout
du compte, on envie Xavier et on désire vivre à Barcelone.
Si ce film n'a peut-être pas connu un aussi gros succès
en Amérique qu'Amélie Poulain, il a tout de même
démontré que les comédies françaises de
qualité sont loin d'être dépassées. Telle
une vraie auberge espagnole, on en tire des leçons.
Version française : -
Scénario :
Cédric Klapisch
Distribution :
Romain Duris, Judith Godrèche, Cécile
de France, Audrey Tautou
Durée :
120 minutes
Origine :
France, Espagne
Publiée le :
23 Septembre 2003