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ATOMIK CIRCUS : LE RETOUR DE JAMES BATAILLE (2004)
Didier Poiraud
Thierry Poiraud

Par Jean-François Vandeuren

Ce qu’il faut retenir avant de s’aventurer dans ce Atomik Circus, c’est que les frères Poiraud ne nous ont pas mentis et cette production à la prémisse totalement absurde porte allègrement bien son nom. Cette mise en scène ne nous propose évidemment pas de suivre les aventures trépidantes d’un cirque grandiloquent où tout explose sans raison. Mais ce foutoir joyeusement tordu s’affiche malgré tout sous un humour noir délirant et une dose de violence fort sadique, mais ô combien satisfaisante. Tout débute lorsque le cascadeur James Bataille arrive dans le petit bled perdu de Skotlett pour participer au Festival de la tarte à la vache. Ce dernier tombera alors amoureux de Concia, une chanteuse locale. Mais voilà qu’au moment d’exécuter sa cascade en moto, une erreur technique mène à la destruction du seul hôtel des lieux. Tenu responsable de l’incident, il est aussitôt envoyé en prison. Quelques temps plus tard, Bataille réussit à s’évader et tente alors de retourner vers sa belle. Mais il n’est pas le seul à s’intéresser à Concia. Un impresario bidon du nom d’Alan Chiasse tente également de se rapprocher de la jeune femme, mais pas nécessairement pour aider sa carrière. Et voilà en plus qu’une horde de moisissures volantes tentaculaires venue de l’espace décident d’amorcer une invasion qui tournera vite au carnage dans la région. Enfin bref, vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été prévenus.

Ce bordel survolté s’exécute pourtant assez souvent par le biais de tout ce que l’on pourrait ordinairement détester au plus haut point dans un film. Atomik Circus enchaîne ainsi sans modestie une série de séquences bidons et de personnages caricaturaux au possible dans un scénario somme toute assez pauvre sur papier. Et pourtant, le film signé Didier et Thierry Poiraud possède le plus grand mérite de nous offrir un divertissement où l’on ne nous incite pas forcément à réfléchir, loin de là même, mais où tous les éléments garantissant le franc succès de l’entreprise s’enchaîne à un rythme si frénétique qu’il est finalement assez difficile de ne pas être emballé devant une telle mascarade. Le Retour de James Bataille est avant tout une comédie exploitant un humour typiquement français. De ce fait, l’effort se base énormément sur l’utilisation des dialogues livrés avec un enjouement palpable et sur la présence d’une série de personnages secondaires plus hilarants les uns que les autres. Le contexte de l’effort prenant forme dans une vieille ville campagnarde déglinguée se fond également assez bien à l’ensemble. En particulier lorsque s’installe progressivement la partie du film axée sur une science-fiction des plus sanglantes, laquelle finira par prendre de plus en plus les dessus sur la comédie sans que cela ne nous déplaise pour autant.

L’effort des frères Poiraud vient aussi prouver une fois de plus que l’histoire la plus absurde qui soit peut s’avérer extraordinairement réussit si elle bénéficie d’une mise en image convaincante. Les deux cinéastes sont donc parvenus à produire un des films de série aux allures trash les mieux filmés de l’histoire du cinéma. La mise en scène d’Atomik Circus propose au menu une réalisation complètement délirante et originale, suivant un rythme euphorique appuyé par une musique rock tapageuse et abusive à souhait. Partant d’une esquisse où tous les plans sont en mouvement, le duo reformula certaines prouesses de l’extraordinaire Cidade de Deus de Fernando Meirelles en les amalgamant aux traits d’un vieux film de série B, ou en intégrant prodigieusement des effets de tremblement et de flou. Une initiative qui enlaidit volontairement l’allure générale du film lors de scènes d’attaques extraterrestres assez graphiques. Cela donne malgré tout un résultat époustouflant lorsque conjugué aux effets spéciaux totalement réussis en leur genre.

Atomik Circus se montre donc sous un jour des plus bruyants où absolument tout y est excessif. Pourtant, difficile de ne pas se laisser complètement envahir par ce brin de folie jouissif. Celui-ci propose d’autant plus de solides prestations de la part d’acteurs particulièrement généreux, dont le comédien belge Benoît Poelvoorde qui vole littéralement la vedette dans son rôle d’impresario débile et sexiste. Mais il s’agit par contre d’un de ces films que l’on adore ou l’on déteste. Autant son carnaval visuel pourra sembler génial pour certains, il s’avérera on ne peut plus pauvre et raté pour d’autres. Un effort qui doit donc être pris pour ce qu’il est et en ce sens, il faut bien admettre qu’en terme de divertissement corrosif et cinglé, Atomik Circus tient ses promesses, et plus encore.




Version française : -
Scénario : Jean-Philippe Dugand, Marie Garrel Weis, Didier Poiraud, Thierry Poiraud
Distribution : Vanessa Paradis, Jason Flemyng, Benoît Poelvoorde
Durée : 92 minutes
Origine : France

Publiée le : 25 Juillet 2005