ARMY OF DARKNESS (1993)
Sam Raimi
Par Louis-Jérôme Cloutier
Si Evil Dead II s’impose inévitablement comme
le volet le plus accompli de la célèbre trilogie de Sam
Raimi, Army of Darkness se classe très certainement
en seconde position et offre tout un contraste en comparasion du premier
film. Terminées les ambitions horrifiques et le côté
plus noir, Army of Darkness est une comédie, un film
de série B qui ne se prend jamais au sérieux en multipliant
les invraisemblances et les one-liners de façon frénétique.
L’histoire se déroule exactement après les évènements
d’Evil Dead II. Ash est aspiré dans un vortex
qui le ramène à l’époque médiévale.
Désirant retrouver son époque le plus rapidement possible,
il doit se mettre à la recherche du Nécronomicon,
le livre des morts. Cependant, en prenant possession du livre, il soulève
l’Armée des morts qu’il doit maintenant combattre.
Si le volet précédent avait pris une direction franchement
burlesque, Army of Darkness va encore plus loin. En effet,
il s’agit maintenant d’une comédie à part
entière qui s’amuse même à parodier, en quelque
sorte, les deux volets précédents, mais aussi les films
d’horreur en général. Ash s’exprime désormais
exclusivement en one-liners plus mémorables les uns
que les autres et qui ont en outre été repris plusieurs
fois ailleurs. Non, l’expression «come get some»
n’a pas été inventée par Duke Dukem! Et ce
dernier n’est certainement pas de taille face à Ash. Il
faut dire que Bruce Campbell est au summum de son art, il transcende
littéralement Ash en en faisant définitivement un personnage
culte, hail to the king baby! Mais bien sûr, il faut
dire que l’univers du film permet à Bruce Campbell de s’en
donner à cœur joie. Que ce soit de par sa relation avec
les «barbares» du Moyen-Age à qui il ne tarde pas
d’apprendre les rudiments de la société moderne,
mais aussi sa supériorité ou par les diverses mésaventures
qu’ils traversent en tentant de retrouver le Nécronomicon.
Il y a également toutes ces invraisemblances dont la présence
est entièrement volontaire ou encore ces séquences des
plus cheezy qui donnent à Army of Darkness
cet humour bien particulier, mais ô combien amusant!
Sam Raimi est très certainement arrivé à maturité
dans ce volet, utilisant la plupart de ses director trademark
dont la très notoire façon de filmer une flèche
filant vers sa cible. Mais une preuve encore plus éloquente serait
que certains moments d’Army of Darkness sont repris dans
The Two Towers. D’ailleurs, la bataille du gouffre de
Helm possède certaines ressemblances notables avec l’attaque
finale de l’armée des morts. Possédant le plus imposant
budget des trois volets, Army of Darkness offre des décors
plus variés que les films précédents, mais aussi
des effets spéciaux de meilleures qualités. Bien que ces
deniers puissent paraitre de mauvaise qualité en comparassions
des plus gros blockbusters, dans le cadre de la série Evil
Dead il s’agit des meilleurs trucages et ils ont tout de
même le mérite d’avoir admirablement bien vieillis
même si le film date déjà de plus de 10 ans. L’imagination
triomphe toujours sur les moyens financiers. Ajoutons la présence
d’une très belle photographie de la part de Bill Pope,
collaborateur fidèle de Sam Raimi depuis Darkman.
En conclusion, Army of Darkness s’impose comme un film
diablement amusant, un summum dans le genre et à seulement quelques
échelons d’Evil Dead II. L’interprétation
de Bruce Campbell est à l’apogée de son talent que
ce soit de par ses expressions faciales ou l’ensemble de son attitude.
Et cela est sans compter les one-liners mémorables qu’il
ne cesse de déblatérer. Sam Raimi est également
en grande forme et toute l’équipe derrière le film
semble avoir eu un plaisir évident à le produire. Mais
on regrette tout de même un peu tout ce qui faisait d’Evil
Dead II un mariage parfait entre horreur et humour, dont tout l’aspect
gore. Mais à quand Evil Dead IV?
Version française :
L'Armée des ténèbres
Scénario :
Sam Raimi, Ivan Raimi
Distribution :
Bruce Campbell, Embeth Davidtz, Marcus Gilbert,
Ian Abercrombie
Durée :
81 minutes / 96 minutes (Director's Cut)
Origine :
États-Unis
Publiée le :
31 Octobre 2004