ANIMAL HOUSE (1978)
John Landis
Par Jean-François Vandeuren
Si une admission au cinéma avait couté aussi cher qu’aujourd’hui
en 1978, Animal House aurait accumulé des recettes atteignant
presque les 400 millions de dollars américains, dépassant
ainsi en terme d’entrées bon nombre des grands succès
des dernières années menés par les pirates, les
nouvelles technologies d’animation et les personnages de l’imaginaire
de Stan Lee. Ce joyeux bordel du réalisateur John Landis se veut
en quelque sorte le parrain de tous les films d’ados et de party.
Des productions dont les folies les plus inspirées, et il y en
a très peu, n’arriveront jamais à la cheville des
formidables excès des fiers représentants de la confrérie
Delta. Dès sa sortie, Animal House devint un phénomène
culturel qui se propagea rapidement dans de nombreux campus universitaires
américains où la baraque en décomposition du plus
grand succès de National Lampoon commença à faire
des petits. Les raisons de cette popularité sont en soi fort
simples: une (d)ébauche humoristique à la fois diversifiée
et implacable s'imbibant d'un scénario fichtrement bien écrit
en son genre et, bien sûr, John Belushi.
John Landis vient donc mettre sens dessus dessous l’ère
immaculée en apparence du début des années 60 aux
États-Unis en infiltrant une université où y évoluent
diverses associations étudiantes célébrant l’élite
par un snobisme exubérant et dont l’admission des nouveaux
membres se concrétisent par ce qui ressemble étrangement
à une messe satanique. Mais parmi ces confréries s’exposant
sous divers caractères de l’alphabet grec se cache l’inévitable
mouton noir : la maison Delta. Véritable emblème cinématographique
de toutes formes de débauches et d'excès, ce repère
en décrépitude rendit assurément très inquiets
de nombreux parents ayant pris conscience de ce que leurs progéniteurs
faisaient réellement de l'argent qu'ils ont si patiemment accumulé
au fil des années afin d'assurer l'avenir de leur rejeton. S’en
suit un périple mémorable où tout se complète
à merveille dans un scénario hilarant qui amuse du début
à la fin, notamment grâce à ses personnages cultes,
dont évidemment John «Bluto» Blutarsky, interprété
de manière exceptionnelle par John Belushi. Ce dernier vole d’ailleurs
la vedette sans trop de problème à une distribution des
plus enjouées en créant un des personnages les plus célébré
de l’histoire de la comédie américaine; le voir
engloutir une bouteille de Jack Daniel’s en deux temps trois mouvements
demeure une scène classique qui impose le respect à n’importe
quel ivrogne de ce monde.
Le tout est accompagné d’une bande originale endiablée,
croisant le professionnalisme caricatural (pour l’occasion) du
célèbre compositeur Elmer Bernstein (The Great Escape)
à une série de chansons extrêmement bien choisies,
venant représenter autant l’époque auquel le film
fait référence que sa mise à l’envers peu
subtile. Ne soyez pas surpris si vous vous mettez à fredonner
joyeusement Louie, Louie pendant plusieurs jours suite au visionnement
du présent effort. Si l'intelligence se veut fort modeste dans
les écrits d'Harold Ramis, Douglas Kenney et Chris Miller, le
trio fait part malgré tout d'un savoir-faire comique indéniable.
Il faut dire que la comédie est un genre dans lequel il est difficile
d’œuvrer et surtout de faire l’unanimité à
long terme. Landis et son équipe relèvent le défi
haut la main dans ce cas-ci grâce à une parfaite symbiose
entre le burlesque, la bouffonnerie et l’absurde, nous donnant
un film qui ne s’essouffle jamais, mis à part une séquence
un peu moins réussie, et qui parvient même à tonifier
un rythme déjà irréprochable au départ.
Animal House brandit donc le titre de film culte avec honneur,
mais aussi avec tout ce que cela implique. Une comédie qui ne
plaira peut-être pas à tous, mais dont la grande famille
de fans inconditionnels continuera de s’agrandir sans peine. Il
ne s’en dégage évidemment pas de grandes métaphores
existentielles, si ce n’est cette leçon que ses détracteurs
dénonçant la trop grande gratuité de bon nombres
de ses actions devraient apprendre, à savoir que tout ne doit
pas être pris à ce point au sérieux. Même
après toutes ces années, l’effort de John Landis
réussit un exploit hors du commun pour une comédie en
n’ayant rien perdu de son efficacité et de son entrain.
La glorieuse incitation à la débauche la plus excessive
qui soit.
Version française : Animal House
Scénario : Harold Ramis, Douglas Kenney, Chris Miller
Distribution : John Belushi, Tim Matheson, John Vernon, Donald
Sutherland
Durée : 109 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 5 Juillet 2005
|