ALIEN VS. PREDATOR (2004)
Paul W.S. Anderson
Par Jean-François Vandeuren
Il est plus qu’évident que l’on n’entame pas
le visionnement de ce projet purement fanatique de la part du réalisateur
Paul W. S. Anderson en croyant avoir droit à la toute dernière
trouvaille cinématographique. Le cinéaste derrière
des adaptations de jeux vidéos et autres films de science-fiction
assez douteux tels Resident Evil et Soldier nous convit
à un film dont la substance est aussi mince qu’une feuille
de papier et qui n’est prétexte qu’à cette
affrontement entre deux figures cultes du genre. Mais il ne faut pas
s’y méprendre, Alien Vs. Predator n’est
pas non plus un fiasco de la pire espèce où se dirige
d’ordinaire ce genre de projet à but seulement lucratif.
La prémisse éponyme du film provient à l’origine
du deuxième volet de la franchise Predator où
l’on apercevait pendant quelques secondes à peine le crâne
d’un alien fièrement exposé parmi les autres
trophées amassés par le chasseur. Il y eu également
les jeux vidéos, la bande dessinée et il y a de cela quelques
années, quelqu’un quelque part dans la ville reine du pop
corn a cru qu’il serait bon de développer un long-métrage
autour de cette idée. Alien Vs. Predator arrive d’autant
plus au bon moment pour tirer son épingle du jeu en ce qui a
trait à l’idée fleurissante (quoique indigeste)
du croisement de franchises. Le concept d’Anderson pour faire
décoller le projet est assez commun: une expédition vers
ce que l’on croit être la découverte du siècle
qui se transformera en un véritable cauchemar. Cette fois-ci,
l’aventure se situe en Antarctique où une pyramide vieille
de plusieurs millénaires a été découverte
200 pieds sous la surface glacière. Peu de temps après
l’arrivée de la naïve équipe sur les lieux,
ces derniers découvriront qu’il s’agissait en fait
d’un piège et qu’ils ne sont là que pour l’enfantement
d’une progéniture alien essentielle à la petite
partie de chasse de leurs rivaux.
On peut oublier d’avance tout ce qui avait été bâti
dans le passé par la série Alien en ce qui a
trait à l’ambiance. AVP tombe plutôt à
plat sur ce point et ce fait est surtout dû à la manière
plutôt frénétique dont le scénario évolue
dans la deuxième moitié du film. Si la mise en situation
prenant au départ la forme d'un film d'aventure est somme toute
bien amené, ce qui s’en suit par la suite ne tend qu’à
se diriger le plus rapidement possible d’une scène d’action
à une autre, ce qui ne laisse tout simplement pas assez de temps
pour favoriser le développement d’une quelconque atmosphère
morbide où même d'un simple suspense. À l’opposée,
on se rend bien compte que la mise en scène d’Anderson
est articulée entièrement en fonction de l’action.
Le cinéaste propose une réalisation des plus tape à
l’œil, mais qui ne se démarque en rien de la majorité
des films d’action et qui est présenté à
bien des reprises d’une manière un peu trop classique et
par l’entremise de certains effets qui n’ont pas forcément
leur place. Anderson réussit malgré tout à certains
égards à ne pas faire sombrer son film dans le ridicule.
Il faut dire qu’en soit le produit final n’est pas risible,
car le problème n’est pas forcément l’action,
qui se tient tout de même debout, plus qu’il n’y a
pas assez de matière pour vraiment la faire décoller.
Toutefois, il faut tout de même reconnaitre la présence
de quelques points forts. Il est évident que la majeure partie
des énergies furent consacrées à l’effort
de création derrière les décors, les costumes et
les effets visuels qu’ils soient où non issus de pixels
et de ce point de vue, c’est franchement bien réussi.
Bref, sans être des plus flamboyants, ce divertissement estival
parmi tant d’autre qui n’a absolument rien de mythique n’est
pas pour autant désagréable si on le prend pour ce qu’il
est. Anderson continue sa routine habituelle qui n’impressionne
guère mais qui est déjà mieux que la plupart des
pièces de sa filmographie. Un amuse-gueule très léger
qui permettra aux fans de revoir sur grand écran ces deux créatures
dans l’attente d’un cinquième volet de la série
Alien où de voir le réel potentiel jamais exploité
de la série Predator se concrétiser en un troisième
film. Superficiel, peu convaincant sur bien des points, mais divertissant
malgré tout.
Version française :
Alien Vs. Prédateur
Scénario :
Paul W. S. Anderson
Distribution :
Sanaa Lathan, Raoul Bova, Lance Henriksen, Ewen
Bremner
Durée :
97 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
18 Août 2004