THE ADVENTURES OF SHARKBOY & LAVAGIRL IN
3-D (2005)
Robert Rodriguez
Par Frédéric Rochefort-Allie
D'emblée, une grande question se pose: comment un cinéaste
comme Robert Rodriguez, à qui l'on doit des oeuvres respectées
telles que Desperado ou El Mariachi, peut nous offrir
en l'espace de quelques semaines des films aussi opposés l'un
à l'autre que sont Sin City et son horrible petit frère
Les aventures de Sharkboy et Lavagirl en 3D? La schizophrénie
de la carrière de Robert Rodriguez prouve donc qu'elle s'empire
au fil des ans. Au début, Spy Kids visait à faire
plaisir à ses enfants, maintenant ce sont eux qui écrivent
ses scénarios! Le monde à l'envers quoi!
Max, un jeune rêveur, doit protéger Sharkboy et Lavagirl
d'un dangereux personnage électrique qui menace leur existence
et l'existence de leur univers. Écrit par Racer Max Rodriguez,
un des jeune fils de Robert du même nom, on comprend vite pourquoi
Sharkboy and Lavagirl (en 3D attention !!!) fait si ridicule.
Le scénario est en tout point similaire à une production
écrite d'un élève du primaire: personnages douteux,
intrigue abyssale, et absence totale de rationalité. Donner la
chance à un enfant de concrétiser ses rêves est
un but tout à fait louable, mais jamais l'expression anglaise
Kid in a candy store n'a trouvé autant son équivalent
dans la réalité. Laisser filer des millions entre les
mains d'un gamin de 7 ans, en particulier quand ce film est produit
par les frères Weinstein de Miramax, est une décision
illogique! Pendant ce temps, Terry Gilliam devait se battre pour défendre
son film Brothers Grimm du remontage, allez savoir pourquoi!
Sans se le cacher lui-même, Sharkboy et Lavagirl est
une curiosité visuelle plutôt éphémère.
Cinq minutes, après que l'étonnement face aux effets spéciaux
se soit estompé, le film n'aura plus rien d'autre à vous
offrir, dépouillé de son seul attrait. D'autant plus que
dans son transfert sur la télévision, le film de Robert
Rodriguez y est perdant. Plusieurs effets spéciaux sortent à
peine du téléviseur, créant une expérience
des plus ennuyantes, et dont certaines images sont si floues qu'on s'y
brule aisément la rétine en tentant de suivre l'action.
C'est dans ce courant que Rodriguez, George Lucas et leur bande pensent
nous transporter à partir de 2007? Les films en trois dimensions
existent depuis plusieurs décennies, et même si la technologie
leurs permet d'atteindre de nouveaux sommets, rien n'arrivera à
remplacer le langage visuel actuel du cinéma. Qui voudrait volontairement
devoir porter des lunettes de carton pour aller au cinéma? Sharkboy
et Lavagirl était le premier pas de cette «révolution»,
et si celle-ci s'annonce du même niveau, espérons qu'il
en sera le dernier.
N'étant pas entièrement 3D, le film de la famille Rodriguez
semble avoir été réalisé entre deux prises
de Sin City, partageant son temps entre Mickey Rourke, Bruce
Willis, Elijah Wood, Clive Owen puis Benicio Del Toro d'un côté
et David Arquette entouré d'une bande de jeunes enfants mal dirigés
de l'autre. Comme la plupart des scènes sont tout à fait
insoutenables, vu leur piètre qualité, le spectateur sera
souvent tenté de sauter quelques scènes ou de peser sur
la touche fast-forward, ce qui en soit est une indication que
quelque chose cloche. Car si Robert Rodriguez avait bel et bien réalisé
un film, et non un spectacle basé sur des délire d'enfants,
peut-être que son Sharkboy et Lavagirl aurait pu se concentrer
un peu plus sur ses acteurs et un peu moins sur les artifices numériques.
Bref, c'est peut-être un film pour enfants, mais il y a à
peine une décennie, Hollywood savait pourtant nous présenter
des films innovateurs pour leurs effets spéciaux avec des histoires
qui puissent les soutenir, ce qui n'excuse donc pas cette abomination
portant la bannière d'un Walt Disney qui se fait de plus en plus
mort. À éviter à tout prix, ne serait-ce que par
souci de ne pas gaspiller votre temps.
Version française : Les Aventures de Sharkboy et Lavagirl
en 3-D
Scénario : Robert Rodriguez, Racer Rodriguez, Marcel Rodriguez
Distribution : Taylor Lautner, Taylor Dooley, Cayden Boyd, George
Lopez
Durée : 93 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 23 Novembre 2005
|