16 BLOCKS (2006)
Richard Donner
Par Alexandre Fontaine Rousseau
16 Blocks, c'est l'histoire d'un vieux policier désabusé
et vaguement croche auquel la vie offre une seconde chance sous la forme
d'un témoin à protéger de vraies pommes pourries
de son département. Ça vous dit quelque chose, ce synopsis?
Il ne faut pas se leurrer quant au fait que le plus récent film
du réalisateur Richard Donner baigne dans les clichés
du début à la fin. 16 Blocks est le produit d'action
générique réduit à sa plus pure expression.
Anonyme, banal, moyen et surtout fondamentalement prévisible,
il se vautre dans l'action mollassonne sans trop se poser de questions
et tente bien maladroitement de s'appuyer sur la relation entre ses
acteurs principaux Bruce Willis et Mos Def pour dresser l'ébauche
d'un bon vieux buddy movie dans la plus pure tradition de Lethal
Weapon. Mais tout tombe à plat et l'essai glisse sans grande
conviction vers le territoire du cinéma-poubelle aussitôt
oublié une fois consommé.
Pourtant, le projet n'était pas à la base dépourvu
d'ambition. Donner, dont la feuille de route somme toute enviable comporte
quelques morceaux de choix tel que les deux premiers Superman
ainsi que The Omen, tente avec 16 Blocks de capitaliser
sur le succès de la série 24 en proposant un
film qui se déroule autant que possible en temps réel.
Question d'ajouter au défi, 16 Blocks aura été
presque entièrement tourné de manière chronologique,
ce qui implique bon nombre de complications logistiques. Ces détails
techniques n'ajoutent par ailleurs rien au résultat final : nous
avons affaire à un vulgaire véhicule pour ce bon vieux
Bruce Willis qui, affublé d'une moustache franchement ridicule,
semble ici particulièrement blasé.
Nous avons donc affaire à un authentique film inutile de fond
en comble. 16 Blocks est une longue poursuite dont le scénario
n'ose pas le moindre revirement, mais cette approche épurée
n'en fait pas pour autant un film d'action costaud et efficace. Au contraire,
le film de Donner manque carrément de tonus. Les principaux morceaux
de bravoure sont dépourvus d'ambition et l'approche prétendument
réaliste préconisée n'ajoute en fin de compte rien
à la crédibilité de l'ensemble. C'est tout simple
: 16 Blocks manque d'éclat.
En fait, le problème repose surtout sur la nature éculée
de la prémisse de base. Un lieutenant de police n'a qu'une heure
et demie pour escorter le témoin d'un crime impliquant un officier
des forces de l'ordre, mais ses supérieurs ont l'intention d'éliminer
l'individu gênant avant qu'il ait atteint le palais de justice.
S'ensuit une course folle. Sauf que l'on sait d'avance tout ce qui se
produira, le scénario étant prisonnier d'une logique depuis
longtemps normalisée et brevetée. 16 Blocks est
parfaitement représentatif du naufrage auquel est condamné
le cinéma d'action américain ; sans suspense, il repose
sur les éléments qui ont fait sa gloire durant les années
80 sans pour autant faire preuve de la même féroce conviction
qu'autrefois.
Ainsi, le pauvre Bruce Willis erre ici dans un film sans surprises et
sans intérêt. Il n'est plus l'ombre de lui-même,
et les jours de gloire de Die Hard semblent bien loin derrière
lorsque l'on écoute ce produit inodore et incolore qui s'avère
la définition même du terme « moyen ». Seuls
les amateurs les moins exigeants de ce genre de cinéma trouveront
un quelconque plaisir à tirer de ce 16 Blocks piéton
et sans inspiration, prisonnier des automatismes et des conventions
d'un genre dont les jours de gloire sont choses du passé.
Version française :
16 Rues
Scénario :
Richard Wenk
Distribution :
Bruce Willis, Mos Def, David Morse, Jenna Stern
Durée :
105 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
5 Août 2006