A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

THE LEGEND OF ZORRO (2005)
Martin Campbell

Par Frédéric Rochefort-Allie

Zorro est de retour, mais l'attendiez vous vraiment? C'est huit ans qui séparent Mask of Zorro de sa suite. Après toutes ces années, Antonio Banderas est passé de la star hispano de l'heure à l'acteur fétiche des films familiaux, s'effaçant tranquillement de la scène hollywoodienne. Est-ce Zorro qui tente de se ressusciter, si ce dernier existe depuis 86 ans ou si ce n'est pas l'équipe de Steven Spielberg qui ne tenterait pas désespérément de montrer ce dont elle est capable?

Dans cette suite, rien ne va plus pour Alejandro (Antonio Banderas), alias Zorro. Divorcé, peu estimé par son propre fiston, et à tendance alcolo, le justicier fait bien triste figure et n'est plus que l'ombre de lui-même. Mais il devra bien vite reprendre du service lorsqu'il apprendra que l'amant de sa jolie Elena (Catherine Zeta-Jones), n'est d'autre qu'un dangereux français (Rufus Sewell) cachant de sombre desseins. À titre de trame narrative, on nous sert un message anti-France et pro-justice à l'Américaine dans un pays uni plutôt que divisé. Bref, un beau petit clin d'oeil patriotique actuel, perpétuant le cliché du méchant Français, moins que nécessaire à une intrigue qui ironiquement ne vaut guère plus qu'un série z.

Qu'est-il arrivé à Ted & Terry, le sympathique duo qui nous a offert Aladdin? Même en comparant Mask of Zorro à leur dernière création, tout ce qui semblait fonctionner dans l'aventure antérieure du justicier semble maintenant s'être éteint. Leur scénario sombre dans un profond ridicule, de quoi entacher leur carrière (comme le fit déjà Godzilla). En fait, Legend of Zorro signe la destruction du mythe de Zorro. Même si Zorro se doit d'adopter une ambiance légère, divertissante et fidèle à ses origines des romans paperbacks, jamais n'aurait-on attendu de lui de purs moments à la Looney Tunes. Sauf que contrairement à Bugs Bunny, la majorité des gags souffrent cruellement du manque d'un bon sens de l'humour de la part des scénaristes. À quand les rires en conserve si l'on cherche tant à forcer l'hilarité? Puis, ajouté dans le but de toucher un public plus vaste, le jeune fiston qu'on suppose un élément comique pousse plutôt le film à l'aberration totale. Sa présence se fait sérieusement dérangeante, d'autant plus que le jeune acteur n'a visiblement pas de talents et qu'on le surcharge de supposées punch lines aussi ridicules que: «Wait till my daddy kick your ass». Pathétique!

Le vrai Zorro, celui qu'à crée Douglas Fairbanks en adaptant le roman, combat pour la justice avant toute chose. C'est un homme pour le peuple, un noble héros, qui ne tue que dans le besoin, qui ridiculise son ennemi plutôt que de le blesser. Le véritable Zorro est une légende, c'est un fait, mais celui que tente de recréer Ted & Terry ne tient pas. Ce Alejandro est à l'origine un bandit mexicain et non Don Diego De la Vega, qui semble à première vue agir pour le peuple, mais qui demeure un individualiste motivé par ses propres intérêts. Le personnage d'Antonia Banderas n'a donc ni le nom, ni la classe, ni même la simple moustache classique du personnage. L'acteur lui même force tant les émotions que le contraire à l'effet voulu se produit souvent. Les moments comiques sont d'un ennui total et ceux dramatiques provoquent l'hilarité.

Reprenant la barre de la réalisation, Martin Campbell ne semble guère inspiré, réalisant plus machinalement que jamais, comme si celui à qui l'on doit Goldeneye était mort. Mis à part quelques plans magnifiques, Zorro cherche tant à nous éblouir qu'il en vient à perdre toute sa crédibilité, offrant plus de cascades superflues que de réels moments divertissants. C'est ce même cinéaste qu'on a chargé de ressusciter James Bond. Tirez en vos propres conclusions. Contrairement à l'époque des Douglas Fairbanks, celle des cascadeurs numériques offre plus un spectacle de mauvais effets spéciaux que de réelles performances physiques. Même les chorégraphies n'ont plus le même punch d'il y a 85 ans.

Finalement, Legend of Zorro est un film qui fait mal à voir, tant pour le fan qui a grandit avec le personnage, que le cinéphile frustré de subir cette torture. À tout le moins, peut-être que ce blasphème pourra mettre un terme à cette série minable, car ce dernier opus de Zorro est à son film d'origine ce qu'est Batman & Robin aux films de Tim Burton, un sérieux incident de parcours, de quoi tuer le personnage pour au moins une autre décennie. À la prochaine Zorro, en espérant que ton retour puisse se faire sous des jours meilleurs!




Version française : La Légende de Zorro
Scénario : Roberto Orci, Alex Kurtzman
Distribution : Antonio Banderas, Catherine Zeta-Jones, Rufus Sewell, Adrian Alonso
Durée : 129 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 23 Novembre 2005